Eh bien ce fût la Tunisie ! Première, et sûrement pas dernière variante, par rapport à notre projet initial.



En quittant notre mouillage de Porto Pino en Sardaigne, notre intention était d'aller à Cagliari, capitale de l'ile. Mais le vent était contre nous, alors qu'il était idéal pour viser Bizerte. Après une réflexion approfondie, et lecture des guides en notre possession, nous nous sommes résolus à tenter cette aventure, bien modeste toutefois par rapport à ce qu'elle aurait pu être il y a quelques siècles ou même décennies.



Belle journée de voile suivie d'une nuit qui s'annonçait merveilleuse, sans lune, sous les étoiles, avec une brise idéale. C'était dans compter sur les pécheurs probablement tunisiens, qui déploient à travers "leur mer" de gigantesques filets balisés par de minuscules lampes à éclats nous donnant l'impression d'être cernés. Deux gros chalutiers nous ont illuminés avec leurs puissants projecteurs qui nous aveuglaient complètement, pour nous écarter de la direction de leurs filets. Nous avons ainsi pris un cap quasiment à l'ouest pendant deux heures sans rien voir que des petits éclats lumineux, puis finalement prendre le risque de tourner à gauche pour retrouver notre direction initiale, et sortir du piège. Du coup nous sommes arrivés sur la côte tunisienne à plus de 25 milles de notre but initial, avec du vent contraire, pour arriver à Bizerte près de cinq heures plus tard que nous ne l'espérions au départ.

pavillon jaune



Entre temps le vent avait tourné au sud et devenait très fort, si bien que nous avons bien réduit la voilure avant de mouiller un peu fatigués dans l'avant port, non sans avoir hissé le pavillon jaune (demande de la douane) constitué par un teeshirt de Marie fixé dans les haubans avec deux pinces à linge. Naturellement les officiels sont arrivés alors que nous faisions une petite sieste. Très accueillants et aimables, et après quelques navettes et discussions avec les autorités portuaires, ils nous ont indiqués que nous pouvions prendre un poste à quai dans la marina. Ce que nous avons fait volontiers. Mais le système d'amarrage avait dû subir de nombreux outrages, si bien que la pantille était tellement courte, qu'elle a fini pas se prendre dans l'hélice, calant le moteur. L'occasion du premier bain de mer de l'année pour Alain, couronné de succès après vingt minutes d'efforts, dans l'eau du port, heureusement pas trop froide, sous les yeux des officiels qui nous proposaient des plongeurs pour nous dégager, en cette première journée de canicule (30° vers 15h) de l'année, d'après leurs dires.



Finalement les officiels sont revenus plus tard, en trois fois, nous rapportant nos passeports tamponnés avec le permis de séjour touristique obligatoire, à restituer avant notre départ de Tunisie.



Après un repas frugal, et une visite à la capitainerie, nous sommes partis à pied pour un repérage dans la ville arabe toute proche, avec l'intention de faire du change, la monnaie locale n'étant pas l'euro mais le dinar tunisien (1,86 D pour 1€) et d'acheter une carte SIM de téléphone local pour nos communications, avec vous notamment.



En retournant à bord, déjà un peu cuits par la chaleur, nous avons rencontrés un habitant de Bizerte, d'à peu près notre âge, qui s'est mis à nous parler de sa ville et, sans en avoir l'air, nous a entrainé dans une visite du souk et de la médina, où nous avions l'intention d'aller, mais plutôt le lendemain, dimanche. Du coup c'est une visite approfondie que nous avons faite, avec rappels historiques (pas toujours d'une exactitude irréprochable) et contacts avec les habitants et artisans, bien meilleurs que si nous n'avions pas été accompagnés: une véritable aubaine pour nous, et pour lui, car nous l'avons évidemment rémunéré, mais un peu épuisante, car, à la fin, nous avions surtout envie de retourner à bord et nous reposer. Nous avons demandé notre chemin à plusieurs reprises, et les gens se sont toujours montrés vraiment aimables, tous parlent français plus ou moins, mais les noms des rues sont très rares et plutôt écrits en arabe qu'en français. Le plus surprenant est qu'en montrant le plan de la ville, nos interlocuteurs ne semblaient pas le comprendre et que les renseignements donnés ne valaient pas grand chose. A la fois étonnant et amusant.

Minaret de la kasbah



Bref, la soirée a été courte et nous avions surtout envie de dormir, mais nous avons quand même noué des contacts avec quelques plaisanciers de notre ponton, dont un jeune hollandais voyageant seul sur le bateau que lui avait donné son père avec "carte blanche" pour en faire ce qu'il voulait. Du coup c'est devenu le nom de son bateau (un vieux Kirk du chantier français Amel) et son projet est de monter une entreprise de voiles et accessoires pour les voiliers en Turquie. Nous le retrouverons peut-être plus loin.



Donc, ce matin, nous avons manqué l'appel à la prière du Muezzin, mais ce n'est pas très grave car il y en a trois par jour, plutôt mélodieux et pas trop tonitruants. La matinée a été consacrée aux nettoyages à bord qui commençaient à urge, et réparation d'un panneau solaire dont une connexion était complètement corrodée. En fin d'après-midi, nous tenterons une sortie en vélo à la fraiche, pour explorer un peu plus loin qu'hier, les alentours.



Pour la suite, en fonction de la météo, nous poursuivrons notre route vers l'est, Tunis, le cap Bon, puis la Sicile ou Pantelleria, et Malte où nous espérons faire une escale de plusieurs jours. Retour en Europe donc, à brève échéance, mais notre escapade tunisienne est pour le moment bien agréable.