Nous avons terminé notre séjour à Bizerte par une longue promenade à vélo le long du bord de mer, le dimanche après-midi. De nombreux promeneurs avaient eu la même idée que nous, certains en voiture particulière, d'autres en taxi (très nombreux), d'autres à pied (nombreux), ou sur des scooters ou vélos. Les bâtiments du bord de mer sont très inégaux, allant du superbe hôtel de luxe, au vieil immeuble des années 50, délabré et couvert de paraboles, en passant par des villas de toutes les architectures et état d'entretien. Il y a aussi de grandes friches où s'ébattent des habitants et de nombreux jeunes couples. On y a vu aussi un dresseur de dromadaires qui, bien sûr, a essayé de nous entrainer dans une promenade exotique avec photo typique.

Une bosse



En rentrant, nous avons voulu passer par le vieux port antique de Bizerte que nous n'avions pas vu lors de notre découverte de la Médina la veille. L'ensemble a gardé un style authentique avec ses activités traditionnelles tournées vers la pêche et de nombreux bistrots dans lesquels les touristes se comptaient sur les doigts d'une seule main. Un régal pour les yeux, mais la salubrité des lieux n'est pas leur principale caractéristique, et les odeurs sont parfois "prenantes."

Bizerte an 1000



Lundi matin, dernier passage à la capitainerie avant notre départ, pour régler la facture (vraiment modeste) et s'assurer que nous étions bien en règle. Nous mettons donc les voiles vers midi. A peine sorti du port, un zodiac portant deux militaires nous arraisonne en nous affirmant que nous n'avions pas régularisé notre situation vis-à-vis de la garde nationale. Après avoir tenté de justifier de notre bonne foi et malgré quelques coups de fils avec le supérieur hiérarchique, ils nous ont donné l'ordre de retourner au port, ce que nous avons évidemment fait. Nouvelle manœuvre d'amarrage et palabres avec un officiel qui s'excusait de nous avoir fait revenir, mais que c'était pour notre sécurité,.........Finalement nous repartons sans aucun tampon supplémentaire, ni vérification à bord, pour être rappelé aussitôt, car nous n'avions pas donné le numéro d'immatriculation du bateau (ndlr, il figure sur tous les documents écrits que nous avons remplis, plus ceux que les services officiels ont copiés sur les papiers du bateau). Heureusement il a sufi que Marie leur crie à distance ce numéro pour que nous ayions enfin l'autorisation de départ. Epique, pas dangereux, mais on peut faire plus simple. Après tout, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, et pourquoi faire compliqué lorsqu'on peut faire inextricable !



La suite fut une délicieuse journée de mer, même si le vent nous a obligé à remonter toute la baie de Tunis, soit 20 milles, contre un vent de sud-est de plus en plus fort. Nous sommes finalement arrivés de nuit à Sidi Bou Saïd, sous voilure réduite, avec une mer assez forte qui nous faisait craindre quelques difficultés pour entrer dans ce port mal exposé par ce temps, et potentiellement ensablé. Il n'en fut rien et après un premier accueil au quai "sanitaire" pour s'assurer que nous venions pas d'une région contaminée par le virus mondial actuel, et prendre nos températures, on nous a attribué un poste à quai très confortable.



En gagnant notre cabine pour la nuit, nous avons découvert que la descente de lit était humide, ce qui est le révélateur d'une voie d'eau sous les planchers de la cabine avant. Avec les mouvements du bateau, vigoureux ce jour là, cette eau remonte sur les planchers et imbibe ce qui s'y trouve. Petite inquiétude, vite dissipée en goutant cette eau qui était douce, et en faisant le rapprochement avec la première mise en service du dessalinisateur dans l'après-midi, car nous ne souhaitons pas vraiment nous servir en eau potable dans les ports tunisiens, n'ayant aucune garantie sur sa qualité sanitaire. Alain avait tout simplement oublié d'ouvrir la vanne d'entrée du réservoir, et l'eau produite n'avait donc trouvé d'autre solution que de démancher la durite de sortie pour s'écouler à côté. Nous avons remis au lendemain le pompage et le nettoyage ! Bon point cependant de cette expérience, le dessalinisateur fonctionne parfaitement et nous allons pouvoir prendre des douches sans états d'âme.



Le mardi 26 à Sidi Bou Saïd, il y avait un avis de coup de vent de NW force 7 à 8. On ne l'a pas vraiment vu, mais cela tombait plutôt bien car nous voulions profiter de notre escale pour divers petits travaux, dont l'épuisement de l'eau douce des fonds et une petite lessive, puis faire une visite de la ville haute.

jardins andalous



Lors de cette dernière, nous avons eu trois chocs dangereux pour nos cœurs déjà fatigués par les émotions précédentes (c'est une blague, tout va bien):

- le calme, le luxe et la beauté du musée Erlanger consacré à l'art et à la musique. Dans un petit palais construit entre 1912 et 1922, ce baron allemand mort en 1932, amateur d'art arabo-musulman, particulièrement andalou, a rassemblé une collection d'objets autour de la musique et de la peinture arabe très intéressante. Le palais lui-même est un hymne au confort, à l'équilibre et au raffinement des artisans de son époque qui se sont vraiment lâchés, y compris dans le jeu des lumières naturelles sur les dentelles de stuc, de bois, de marbre qui décorent l'ensemble, et des jeux d'eaux parfumés au jasmin distribuée par trois fontaines intérieures.

biniou en peau de bique

En plus nous avons bénéficié d'un guide particulier connaissant très bien son histoire et parlant un français correct comme beaucoup de ses compatriotes, (sauf peut-être les chauffeurs de taxi, ce qui nous a posé un petit problème). C'est l'Etat tunisien qui a racheté ce palais à la famille pour en faire un musée dans lequel il a poursuivi les concerts et les animations culturelles déjà instaurées par le Baron de son vivant. Manque de bol, pas de concert ce soir là, dommage !

- le tourbillon mercantile des marchands de souvenirs de la courte rue principale du village, et des touristes, majoritairement français, écarlates, dégoulinants de crème solaire et équipés de casquettes publicitaires de toutes les couleurs, se déhalant paresseusement par groupe compacts, heureusement sans trop de hurlements, mais cherchant tous le "café des délices" d'où la vue, il faut bien le dire, est exceptionnelle.

- évidemment ce n'est pas là que nous avons bu notre thé tunisien aux pignons, accompagné de pâtisseries exquises, mais au "café des nattes", où il n'y avait quasiment personne sans doute parce qu'il faut se déchausser pour s'installer confortablement sur les nattes multicolores, à côté de la petite table traditionnelle sur laquelle on vous apporte votre commande.

Pieds propres

Notre prochaine étape sera probablement encore tunisienne et nous rapprochera de Malte. Nous vous quittons, voilà l'appel du Muezzin à la prière du soir.