Pa211081_Santa_Cruz_de_La_Palma.jpg

Vue de loin, elle semble petite, mais on sent bien qu’elle recèle des reliefs importants. La Palma est l’île la plus occidentale des Canaries et aussi la plus récente. Elle n’a émergé qu’il y a moins de deux millions d’années quand ses voisines datent de 7 à 20 millions d’années. Après Ténérife elle est la plus haute des Canaries à plus de 2400 mètres et comme sa surface est réduite à 730 km² (moins d’un dixième de la Corse), cela accentue encore l’impression de haute montagne

Elle est aussi la plus proche du chemin des perturbations de l’Atlantique nord, ce qui lui donne le privilège de recevoir un peu plus de pluie et d’humidité que les autres Canaries.

Pa211083_marina_de_Santa_Cruz.jpg

A notre arrivée, après un peu plus de 100 milles pendant lesquels il a fallu aider Eole avec un peu de gasoil, car la brise est restée désespérément faible, nous avons découvert une petite marina ultra moderne et bien équipée au fond du port de commerce de Santa Cruz (celle de La Palma, après celle de Tenerife que nous avions quittée la veille). La ville est toute proche et regroupe un quart des 87 000 habitants de l’île.

Pa211086_musee_municipal.jpg

Pa211088_plafond_casa_Salazar.jpg

Dans ses rues étroites et piétonnes on trouve de nombreux bâtiments des 17 et 18èmes siècles, pour la plupart parfaitement entretenus et dont beaucoup possèdent de superbes balcons, des galeries intérieures et parfois de magnifiques charpentes, en bois sculpté. Les églises, et édifices municipaux abritent des expositions d’artistes locaux, dont bien sûr César Manrique dont nous avons déjà parlé à propos de Lanzarote.

Pa221097_balcon_en_bois_du_front_de_mer.jpg

Nos amis David et Raymonde étaient arrivés peu avant nous sur Aragorn, et comme les petites places du centre ville regorgent de restaurants accueillants nous en avons profité avec eux, en dégustant une cuisine locale simple, arrosée des vins de l’île sans prétention mais sympathiques.

Pour découvrir le centre de l’île, le moyen le plus pratique était de louer une voiture et nous avons jeté notre dévolu sur une petite Hyundaï, à 5 portes quand même. Et nous sommes partis à quatre dedans, sur les routes extrêmement escarpées des flancs du principal volcan, dont le cratère forme l’essentiel du parc national de la Caldera de Taburiente.

Pa231108_eglise_de_Las_Nieves.jpg

Après une petite inquiétude sur la capacité de cette mini voiture à pleine charge sur un terrain aussi accidenté, il nous a fallu nous rendre à l’évidence. Ses performances sont surprenantes. Ses montées en régime rageuses, ses freins irréprochables, son rayon de braquage ultra court et son petit gabarit avaient raison des embûches du parcours y compris des épingles à cheveux incroyablement serrées et des très fortes déclivités à monter ou à descendre.

Pa231110_a_l_horizon_le_Teide.jpg

Presque à chaque virage on a envie de s’arrêter pour profiter des points de vue à couper le souffle. Les passages dans de magnifiques forêts qui montent jusqu’à 2000 mètres sont magnifiques, et lorsqu’on débouche au dessus d’une couche de nuages sur des à-pics vertigineux, avec une perspective sur le Teide (Tenerife) à près de 200 km, on ne peut que rester bouche bée.

Pa231127_Caldera_de_Taburiente.jpg

Mais nous n’avions encore rien vu, car les bords de la caldera sont exceptionnels. Les chemins qui en font le tour, parfaitement aménagés et balisés, en dominant les pentes quasiment verticales du cratère, couvertes par endroit de magnifiques forêts, ou totalement minérales, avec des couleurs incroyables allant du noir absolu au jaune vif, offrent un spectacle fantastique, mal rendu par les photos.

Pa231131_au_dessus_de_la_couche.jpg

On se prendrait presque pour les corbeaux ou les choucas qui planent dans ces espaces, en passant parfois, dans un sifflement de planeur, Ă  moins d’un mètre des visiteurs, comme pour les narguer, Ă  moins qu’ils ne soient apprivoisĂ©s et en attendent quelque pitance ?

PA231136_labos_d_astrophysique.JPG

Pa231147_cratere_de_Taburiente.jpg

Arrivant au point culminant, Roque de los Muchachos, on change d’univers. Ce sommet est investi par de nombreuses installations scientifiques d’observations du ciel ou d’auscultation de l’univers. On y trouve des télescopes et capteurs de rayonnement parmi les plus raffinés de la planète, ainsi que les hébergements de tous ces chercheurs et techniciens.

Pa231149_chemin_de_crete_los_Muchachos.jpg

Cela n’empêche pas les chemins de randonnées qui y convergent d’être fréquentés par des sportifs manifestement venus spécialement de toute l’Europe pour cela.

Pa231161_foret_d_Hoya_Grande.jpg

La descente par la formidable forêt d’Hoya Grande nous a donné l’occasion d’une halte déjeuner dans une auberge canarienne à 1300 mètres d’altitude où nous avons enfin pu gouter aux préparations culinaires à base de GOFIO et autres spécialités canariennes typiques, dont le vin issu des vignes curieusement cultivées à même le sol jusqu’à 1500 mètres.

Pa231167_bananeraies_en_terrasses.jpg

Plus bas, rejoignant le débouché du cratère dans la mer, les milliers de terrasses spécialisées dans la culture de la banane longent la route sur des kilomètres avant d’arriver à Tazacorte où nous avons fait une petite pause en visitant la deuxième marina de La Palma, elle aussi moderne et sans doute encore plus confortable que celle de Santa-Cruz.

Pa231179_marina_de_Tazacorte.jpg

Pa231176_brisants_a_Tazacorte.jpg

Elle est d’ailleurs plus fréquentée et nous y avons retrouvé Daniel un autre plaisancier français déjà rencontré régulièrement depuis Madère. Nous sommes rentrés de nuit en passant par les deux autres villes importantes de l’île, Los Llanos et El Paso, avant d’emprunter le tunnel qui traverse la Cumbre Nueva et de regagner Santa Cruz.

Pa241185_San_Antonio_dans_la_couche.jpg

Le lendemain, jeudi, nous avons finalement décidé de garder la Hyundaï pour visiter le sud de l’île et les volcans récents qui l’ont modelée depuis le 17ème siècle et notamment lors de la dernière grosse éruption en 1971 (la plus récente des Canaries). Le San Antonio était entièrement dans le brouillard, et nous avons visité le centre d’information construit récemment, avant d’en faire le tour, sans voir grand-chose, dans un fort vent d’ouest, sur un chemin sécurisé par des piquets et des cordages. Très honnêtement, ce circuit facturé 5 euros par personne, le seul de payant de l’île, est presque sans intérêt.

Pa241193_mini_baobab_en_fleur.jpg

Pa241199_Teneguia_vaincu.jpg

Pa241224_arche_de_lave_de_1971.jpg

Heureusement, le volcan Teneguia, tout proche et moins haut, Ă©tait dĂ©gagĂ© et nous en avons profitĂ© pour faire le tour Ă  pied en une heure et demie de marche, et parfois un peu d’escalade, oĂą Marie-France a tenu bon en rĂ©sistant Ă  son vertige chronique. Chapeau l’artiste ! Elle a mĂŞme pu enrichir plusieurs totems dont celui du sommet. Il faut dire que le spectacle en valait la chandelle, dans ces chaos de roches, entre les basaltes, pierres-ponce, sable, souffre, et les bouches de chaleur encore actives, qui dominent la mer toute proche oĂą se sont arrĂŞtĂ©es trois des principales coulĂ©es de la dernière Ă©ruption.

Pa241219_salines_de_Fuencaliente.jpg

Pa241229_bassin_rose_sature.jpg

Pa241234_route_du_sel.jpg

Elles avaient recouvert les salines construites en 1967 Ă  l’extrĂ©mitĂ© sud de l’île et endommagĂ© le phare. Un nouveau a Ă©tĂ© construit, et les salines, dĂ©gagĂ©es et soigneusement rĂ©amĂ©nagĂ©es, sont maintenant ouvertes Ă  la visite. L’exploitation actuelle est Ă  vocation plus scientifique qu’industrielle, mais nous avons pu emprunter la route du sel qui les parcourt et prĂ©lever quelques cristaux purs pour notre repas du soir. Excellents !

Pa241245_que_de_symboles.jpg

Ragaillardis par ces belles visites, nous voulions aussi voir le nord qui recèle d’autres particularités intéressantes. Bien sûr, il y a de charmants petits villages perchés dans des vallées sur des pentes incroyables, débouchant sur des plages noires, mais les piscines naturelles de La Fajana sont étonnantes.

Pa241258_piscines_de_Fajana.jpg

Des cuvettes issues de coulées de lave anciennes forment des bassins dans lesquels l’eau de mer est retenue à différents niveaux en fonction de la marée. Des aménagements minimes, forages, murets, rambardes, permettent d’en faire un ensemble de bassins alimentés par les marées et la houle tout à fait adaptés aux baignades et jeux d’eau. L’accès est ouvert à tous et deux établissements hôteliers construits à proximité permettent des séjours balnéo, thalasso, thérapo et je ne sais quoi encore, certainement bien attrayants.

Pa241251_montagne_de_bananes.jpg

Cette rĂ©gion du nord est aussi la plus dense en bananiers que nous ayons vue jusque lĂ . La moindre parcelle de terrain est exploitĂ©e ou amĂ©nagĂ©e en terrasses et la route est parfois presque obstruĂ©e par les immenses feuilles de bananiers ou les rĂ©gimes de bananes dont les fleurs de 50 Ă  80 cm de haut touchent presque terre. Chaque bananier est Ă©tayĂ© selon trois ou quatre axes afin de ne pas s’écrouler sous le poids de ses fruits qui sont souvent eux-mĂŞmes Ă©tayĂ©s. Un travail de titans, sans parler de l’irrigation nĂ©cessaire, dont on voit les tuyaux partout. On trouve parfois par terre un petit rĂ©gime qu’il suffit de ramasser. C’est bon !

Pa241260_la_lave_resiste_aux_coups.jpg

On se demande quels sont les débouchés d’une telle production, nous qui ne voyons jamais des bananes des Canaries sur les étals de nos hyper marchés français. Il paraitrait que la fameuse PAC serait un facteur important de développement de la culture européenne de la banane, mais peut-être que les plantations des îles françaises des Antilles en profitent aussi et ce sont plutôt celles là que nous voyons.

Pa241264_rhumerie_de_La_Palma.jpg

Enfin, encouragĂ©s par notre guide, nous avons cherchĂ© la pĂ©pite de La Palma et nous l’avons trouvĂ©e Ă  Puerto Espindola, Ă  la tombĂ©e de la nuit alors que nous Ă©tions sur le chemin du retour. Le Ron Aldea fabriquĂ© par la mĂŞme famille depuis presque un siècle provient de la canne Ă  sucre locale, prĂ©parĂ©e et distillĂ©e dans un alambique local, mis en bouteille sur place et distribuĂ©e uniquement Ă  des initiĂ©s dont nous faisons maintenant partie. Ce rhum doux, vendu Ă  8 ans, 10 ans et 15 ans d’âge est une merveille et nous avons succombĂ© Ă  son charme en rentrant Ă  Santa Cruz, partageant l’ambiance cosy du carrĂ© d’Aragorn avec nos amis, autour de cigares, Ă©galement locaux, absolument exquis. Malheureusement nous n’avons pas profitĂ© de ces derniers, n’étant pas fumeurs, mĂŞme dans de telles circonstances, mais c’est presque dommage ! Chienne de vie.

Pa251265_pour_soigner_le_rhume.jpg

Nous devrions partir avec le retour de l’alizé du Nord est vers La Gomera et Hierro très prochainement, et c’est là bas que nous préparerons notre traversée vers les iles du Cap Vert prévue début novembre.