Nous savions que nous aurions du vent pour aller à La Gomera. Heureusement car la précédente étape avait été marquée par la pétole.

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En fait, de 20-25 nœuds au départ, il n’a pas cessé de se renforcer et en passant au nord de l’île c’était plutôt 30-35 nœuds avec une mer assez forte et nous faisions régulièrement des pointes à plus de 10 nœuds, voire 11 nœuds, en approchant de San Sebastian. Subitement, alors que nous venions d’empanner, Dartag est parti dans une espèce de survitesse tranquille, porté par un vague sans doute plus favorable que les autres accompagnée d’une bonne rafale que nous n’avons d’ailleurs pas vraiment sentie.

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Alain Ă©tait Ă  la barre, ce qui est relativement rare, et a vu sur chaque bord une grande gerbe d’eau et d’écume se dĂ©velopper pendant quelques secondes au point de l’inciter Ă  jeter un coup d’œil sur le speedomètre. Vitesse maxi constatĂ©e Ă  cet instant 14,2 nĹ“uds, sans effort, sans bruit autre que le sillage, sans vibrations, tranquille. Incroyable ! Record de Dartag battu, peinard, les doigts de pied en Ă©ventail. Ce bateau nous surprend par son aisance et sa puissance !

Bon, revenons aux choses sérieuses, après cette arrivée dans la belle marina de San Sebastian de La Gomera, quasiment en même temps que trois autres voiliers et un NGV.

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L’île est aussi un volcan jeune mais aucune activitĂ© tellurique rĂ©cente n’a Ă©tĂ© enregistrĂ©e. Sa forme lui a donnĂ© son surnom d’île ronde et elle culmine Ă  1487 mètres. Sur une surface de 369 km², elle abrite environ 27 000 habitants mais cette population a diminuĂ© de moitiĂ© en cinquante ans. De nombreux habitants ont Ă©migrĂ© depuis un siècle vers les pays d’AmĂ©rique latine, et les liens avec Cuba et le VĂ©nĂ©zuĂ©la sont les plus forts. Le bar restaurant « CUBA LIBRE Â» qui trĂ´ne sur la place principale en est une illustration.

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La conquête espagnole fut difficile, nécessitant trois grandes expéditions en trente ans, et en 1487 une dernière révolte sanglante mit un terme à la résistance des guanches. La Capitale est San Sebastian, fondée au quinzième siècle autour de sa baie qui est maintenant son port principal. Cette petite ville blanche possède tous les services d’une agglomération plus importante qu’elle n’est, en particulier les commerces variés et attrayants, des bars et restaurants qui offrent une cuisine typique des gomeros, à base de fromage de chèvre, d’huile de palme et de farine.

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Sur la hauteur, un magnifique hotel Parador accueille ses clients surtout allemands et nordiques dans un superbe parc botanique entourant une merveilleuse piscine à débordement dominant le port. Les palmiers datiers croulent sous les fruits et il suffit de se baisser pour ramasser ces délicieux fruits dans le gazon.

Evidemment, nous n’avons pas résisté à l’envie de visiter cette île en voiture. Cette fois nous avions une Nissan Micra plutôt récente (20 000 km). Mais elle était loin de valoir la Hyundai que nous avons eue à La Palma.

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Elle nous a quand mĂŞme permis de faire une visite merveilleuse en une grande journĂ©e. Commençant par la montĂ©e sur le versant aride, nous avons rapidement atteint le Parc Nacional de Garajonay, hĂ©las par moment dans les nuages gĂ©nĂ©rĂ©s par un fort vent du nord. Mais que ces forĂŞts sont belles !

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En dehors des chemins parfaitement entretenus, on a l’impression d’un espace vierge de toute occupation humaine, dominé par une végétation sauvage, vivante, diversifiée, allant des feuillus de toutes espèces aux résineux, plein de fougères et de mousse, bruissant des ruisseaux qu’on peut traverser sur de petits ponts de bois, moussus eux aussi. Le couvert végétal est tellement dense que la lumière manque par endroit pour faire des photos.

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Le balisage des chemins est rassurant et on n’a pas la crainte de se perdre en les parcourant à pied, tombant parfois sur une chapelle microscopique dédiée à une légende locale. Les murets de pierre moussus soutiennent les esplanades qui les entourent où nous avons eu la surprise de trouver un arbre aménagé en fontaine d’eau pure potable. Les promeneurs sont rares dans ce paradis et ce sont souvent des randonneurs bien équipés dont on se dit qu’ils sont en route pour plusieurs jours.

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Reprenant la voiture, nous avons rejoint le Valle Gran Rey qui descend jusqu’à la cĂ´te occidentale de l’île. Il s’agit d’une fantastique vallĂ©e issue de l’ancien cratère dans laquelle la route dĂ©crit des mĂ©andres magnifiques en passant par des point de vue sublimes. L’un de ces « miradores Â» est dĂ» Ă  Cesar Manrique, dĂ©cidĂ©ment omniprĂ©sent dans l’urbanisme et la mise en valeur touristique des Canaries. Un restaurant panoramique a Ă©tĂ© construit quasiment sous la route, et domine d’environ 700 mètres les vergers et bananeraies qui descendent jusqu’à la mer. Impressionnant !

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Après la fraîcheur des sommets, nous nous sommes plongés à nouveau dans la chaleur des bords de mer de la station balnéaire Valle Gran Rey, qui comporte aussi au pied de ses énormes falaises de basalte, deux plages et un petit port rustique. Quelques voiliers y étaient au mouillage, plutôt confortable en apparence, malgré la forte mer et la brise soufflant en puissantes rafales qui faisait voler l’écume à quelques centaines de mètres.

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En rentrant par la côte nord, et cherchant notre chemin entre les voies privées ou les routes d’exploitation agricoles, nous nous sommes perdus à plusieurs reprises malgré notre GPS, mais découvrant à chaque fois des paysages vertigineux, notamment près de la ville d’Agulo située dans un repli d’une énorme coulée de basalte et dominant une plage impressionnante. Autrefois une sorte de warf permettait de charger sur les bateaux la production agricole de la région. Mais on se demande, au vu des rouleaux de la grande houle qui brisaient sur la côte, comment c’était possible.

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A notre retour, Dartag nous attendait sagement Ă  sa place dans une marina bondĂ©e en raison de la forte brise qui a rĂ©gnĂ© en mer toute la semaine. Mais une amĂ©lioration Ă©tant prĂ©vue ce week-end, nous allons pouvoir partir visiter la dernière Ă®le de l’archipel, El Hierro, qui est la plus petite et la plus australe . Nous n’y resterons probablement qu’une journĂ©e avant de cingler vers le Cap Vert, sans avoir encore vraiment dĂ©cidĂ© quel sera notre point d’arrivĂ©e, Sal Ă  l’est ou Sao Vicente Ă  l’ouest. Cela dĂ©pendra des vents rencontrĂ©s sur le parcours qui durera au minimum 5 jours, pour 800 milles marins. Pendant cette traversĂ©e, nous n’aurons plus de contact avec la terre sauf par tĂ©lĂ©phone satellite si nĂ©cessaire. Nous enverrons quand mĂŞme autant que possible notre position deux fois par jours grâce Ă  notre balise Spot. A l’arrivĂ©e nous serons au sud du tropique du Cancer vers le dix-septième parallèle nord, Ă  peu près celui de la Martinique. Cela sent les tropiques !