Vous aviez compris en lisant la fin du billet précédent que nous étions inquiets pour la santé de la maman d'Alain. Hélas, elle a succombé après un arrêt cardiaque survenu dans la nuit. Cette disparition, alors qu'elle était entourée de nombreux membres de la famille, dans la maison de vacances d' Hyères qu'elle aimait énormément, ressemble un peu à la fin qu'elle souhaitait , mais c'est toujours trop tôt, et le goût de la distance est amer. La famille organisera ultérieurement une cérémonie au Havre.



Mais la vie continue, et la présence à nos côtés de notre invitée Marie-Jeanne, venue nous retrouver à Milos pour une semaine, a contribué à nous entrainer à reprendre son cours.



Nous avons craint un moment que la force et la durée du coup de vent qui soufflait sur Milos à son arrivée, nous empêche de lui faire découvrir la voile. Donc, alors que le bateau était un peu ballotté le long de son quai par la houle qui finissait par entrer un peu dans ce grand golfe, nous profitions de cette escale forcée plus longue que prévue, pour nous promener dans la ville d' Adamas, et découvrir ses charmes, lire la presse française livrée quotidiennement, reprendre les lectures en suspens ou nouer des contacts avec les plaisanciers voisins attendant comme nous. C'est ainsi nous avons échangé quelques mots et courbettes avec l'équipage d'un voilier japonais, déjà croisés à Ios, dont la passerelle avait rendu l'âme. Nous l'avons fait profiter de notre "filière" pour s'en fabriquer une autre. De même les connections internet au moyen des bornes Wifi sont une occasion d'échange de "tuyaux" lorsque l'un d'entre nous a trouvé un bon filon. Nous avons fait quelques heureux en communiquant à deux autres équipages le code d'accès gratuit que nous avions sur celui de la taverna "GIAGKOS", plutôt fiable et rapide.



Et puis un petit espoir d'amélioration est apparu pour mardi après-midi. En interrogeant les météorologues grecs ce mardi matin, cet espoir s'est confirmé avec une atténuation temporaire des vents à la force 6 puis 5 avec rotation au N à NE dès la fin de matinée. Il fallait saisir cette opportunité, au moins pour tenter une sortie et la poursuivre jusqu'au Golfe de Saronique si c'était possible.

traversée musclée



Toutes affaires cessantes, nous avons appareillé à 10h, avec la perspective d'arriver de nuit vers Hydra ou Pôros. Au début, le vent et la mer, assez forts, ont un peu impressionné Marie-Jeanne qui était légèrement "crispée". Mais elle s'est cramponnée, et, après une petite période d'adaptation, et la découverte du meilleur emplacement à bord lui permettant de profiter du voyage, elle a pu déguster sa première traversée à la voile dans d'excellentes conditions.



Il faut dire que le vent, malgré quelques variations en force et en direction, ne nous a pas lâché durant ces 65 milles, d'abord au près, puis progressivement venant sur le travers. Au point que nous sommes arrivés à l'entrée du chenal de Pôros à 19h30 et que nous étions au mouillage à 20h, avant le coucher de soleil. Belle traversée à plus de 7 nœuds de moyenne, la première moitié au près, à 6,4 nœuds, et ensuite, largement plus, puisque le speedomètre ne descendait qu'exceptionnellement à moins de huit nœuds dans les vingt derniers milles. Un rush dans les embruns assez spectaculaire, et agréable, par ce temps ensoleillé et chaud de la fin août, et une bonne expérience pour notre moussaillon !

façades vénitiennes



Après une nuit calme, le vent à repris à un niveau tel, ce mercredi que nous n'aurions pas pu entreprendre cette traversée et aujourd'hui jeudi, c'est encore plus fort, sans changement significatif pour les jours à venir. Mais nous sommes à une heure d'hydroglisseur du Pirée et c'est par ce moyen que Marie-Jeanne est repartie hier soir avec des provisions de soleil pour tout l'hiver et quelques souvenirs supplémentaires glanés dans cette jolie ile de Pôros où nous étions déjà passés le 23 juillet.



Nous allons maintenant attendre une fenêtre météo favorable pour nous rapprocher si possible d'Athènes où doit arriver notre équipage de choc suivant le 25.