Le retour de Dartag en Martinique, plus d’un an aprĂšs sa premiĂšre visite, nous a permis de dĂ©couvrir d’autres aspects de cette Ăźle sous un jour bien attrayant.

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Abordant la cÎte sous le vent par le nord, la montagne Pelée de sinistre mémoire était encore toute empanachée, mais, cette fois, de jolis petits nuages tropicaux inoffensifs.

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Assez rapidement le vent nous a manquĂ©, comme prĂ©vu, et c’est au moteur que nous avons fait le plus grande partie du parcours jusqu’à Fort de France, admirant au passage le bas de la vallĂ©e de Bellefontaine, occupĂ©e par la puissante centrale EDF qui illustre l’importante de la population martiniquaise et de ses activitĂ©s Ă©conomiques.

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Le vent est revenu peu avant de rentrer dans la magnifique baie de FdF que nous avons remontĂ©e en louvoyant agrĂ©ablement jusqu’au mouillage de la baie des Flamands.

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Ce site est admirablement situĂ© pour visiter la ville et profiter des nombreux services qu’elle offre. Le quai des annexes est au bord de la belle place de la Savane, et tout Ă  fait sĂ»r, malgrĂ© les quelques sillages de navettes et bateaux pilotes qui passent trĂšs souvent pendant la journĂ©e au service des paquebots et superbes grands voiliers visiteurs. Il accueille aussi les concurrents de la course Ă  la voile Panerei Classic dont les premiers sont dĂ©jĂ  arrivĂ©s.

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Les commerçants du centre ville permettent de faire un avitaillement complet, mais nous voulions visiter aussi les endroits marquants de l’histoire de la ville. Elle a surtout pris son essor aprĂšs la destruction de Saint Pierre et de ses 30 000 habitants lors de l’explosion de la montagne PelĂ©e en 1902. A noter que cette Ă©ruption est survenue deux jours aprĂšs celle, tout aussi effrayante, de la SoufriĂšre Ă  St Vincent (160 kilomĂštres plus au sud), le 6 mai, qui n’avait fait, elle, « que Â» 2000 morts.

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La bibliothĂšque Schoelcher est un superbe bĂątiment trĂšs frĂ©quentĂ©, proposant au public des milliers d’ouvrages parfois trĂšs anciens, dans toutes les langues.

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Sur la place de la Savane, une belle statue fĂ©minine a Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©e de mĂȘme que plusieurs des personnages du bas relief en bronze fixĂ© sur son socle, si bien que nous n’avons pas pu la reconnaĂźtre. Merci Ă  ceux qui pourraient Ă©clairer notre lanterne sur ce spectacle d’autant plus navrant que nous venons de lire le terrible bouquin de Max Gallo sur la rĂ©volution française.

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Le Fort Saint Louis, datant du XVII siĂšcle, qui domine la baie est un Ă©tablissement de la Marine Nationale et abrite la principale base navale des Antilles, dont les missions actuelles sont principalement tournĂ©es vers la lutte contre les trafics, notamment de drogue dans cette rĂ©gion « chaude ».

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Nous avons profitĂ© d’une visite guidĂ©e en petit comitĂ©, bien intĂ©ressante tant par son histoire que par la vue magnifique qu’elle permet d’offrir sur la ville et la baie.

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La cathédrale Saint Louis, dont les orgues sont de réputation internationale, était malheureusement en travaux, ce qui nous a privé de sa visite. Nous essaierons de la voir de plus prÚs lors de notre prochain passage.

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Nous avons ensuite traversĂ© la baie vers l’anse Mitan. Cette baie est surtout rĂ©sidentielle et les nombreux voiliers au mouillage viennent s’y reposer aprĂšs les journĂ©es harassantes passĂ©es par leurs Ă©quipages dans la frĂ©nĂ©sie de la capitale. Un superbe hĂŽtel occupe la partie nord.

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Passant ensuite devant les anses noires et blanches, avec un fort alizĂ© nous avons rejoint la grande anse d’Arlet parfaitement abritĂ©e et donc trĂšs frĂ©quentĂ©e. Les fonds importants ne facilitent pas le mouillage et nous avons dĂ» nous y reprendre Ă  deux fois aprĂšs un dĂ©but de dĂ©rapage.

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Nous y avons attendus nos amis qui arrivaient du Marin pour quelques jours et avec qui nous avons savourĂ© les plaisirs des restaurants sur la plage et des rencontres avec d’autres plaisanciers, parfois trĂšs originaux. Les baignades de Marie-France et Françoise au milieu des tortues sont un souvenir impĂ©rissable.

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Puis nous avons repris la mer vers le sud, d’abord tentĂ©s par une route directe jusqu’aux Grenadines, avant de finalement nous laisser gagner par la facilitĂ© d’une escale intermĂ©diaire Ă  Saint Lucie. Ce fut l’occasion de redĂ©couvrir les deux pitons et le village de la SoufriĂšre. Les boat boys nous y attendaient armĂ©s de leur gentillesse et de leur sourire pour nous offrir, contre quelques espĂšces sonnantes et trĂ©buchantes, une bouĂ©e que nous n’avons pas pu refuser.

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Du coup nous n’avons pratiquement pas dormi. Une inspection du mouillage en plongĂ©e avait permis de nous rassurer partiellement sur sa qualitĂ©, aprĂšs avoir libĂ©rĂ© l’amarre principale qui faisait le tout d’un gros rocher coupant. Mais Dartag a passĂ© le plus clair de la nuit Ă  emplafonner cette malĂ©fique bouĂ©e Ă  la faveur de chaque changement de vent ou de courant malgrĂ© toutes les prĂ©cautions prises. DĂšs le jour venu, nous avons pris nos cliques et nos claques, sans regret !

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AprÚs le canal de St Vincent, bien venté et arrosé, nous pensions avoir recours au vent de cale pour longer la cÎte sous le vent de cette grande ßle. Erreur et bonne surprise, Eole nous a gratifié de sa constance et nous sommes arrivés à Béquia sans appuyer sur le démarreur aprÚs un dernier bord de prÚs musclé mais agréable. Les protections que nous avions mises sous les hublots de la cabine avant étaient non pas trempées, mais bien humides, mais tout le reste était sec. Le dernier point faible était donc démasqué.

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Port Elisabeth, capitale de BĂ©quia, est une baie magnifique, un mouillage parfait quoique trĂšs frĂ©quentĂ©, et la petite ville plutĂŽt proprette offre des ressources apprĂ©ciables. Nous en avons profitĂ© pour les formalitĂ©s, convertir nos euros en $EC (la monnaie des Ăźles angaises), remplir la cambuse et surtout dĂ©monter les deux hublots fuyards pour dĂ©couvrir que les joints en mousse posĂ©s Ă  l’origine avaient fait leur temps. Paix Ă  leur Ăąme, et, en deux jours, ils ont Ă©tĂ© nettoyĂ©s et remontĂ©s avec de nouveaux joints en mastic silicone marin d’excellente qualitĂ©.

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A notre dĂ©part, le voilier mouillĂ© devant nous se trouvait au dessus de notre ancre. Entendant le bruit de notre guindeau, les propriĂ©taires, apparemment un paisible couple de retraitĂ©s anglais, ont giclĂ© hors de leur carrĂ©, sans doute trĂšs cosy, pour nous abreuver d’injures et de menaces assurant que leur rĂ©gulateur d’allures Ă©tait « very expensive ». Nous le savions, Ă©videmment, et avions dĂ©cidĂ© de ne prendre aucun risque de le toucher avec notre Ă©trave, elle-mĂȘme « very expensive ». Avec un peu de patience et de souplesse dans les manƓuvres, nous avons pu nous dĂ©gager sans problĂšme, et sans la moindre aide de leur part, les laissant Ă  leur ivresse, en leur suggĂ©rant simplement de garder leur « self control Â» Ă  l’avenir, notamment pour leur propre santĂ©.

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Notre deuxiĂšme Grenadine devait ĂȘtre Mustique (en français Moustique), Ăźle privĂ©e oĂč s’était Ă©chouĂ© le paquebot français Antilles de la dĂ©funte Compagnie GĂ©nĂ©rale Transatlantique en 1971. Il a aujourd’hui totalement disparu, entiĂšrement dĂ©mantelĂ© par les puissantes vagues de l’Atlantique en une vingtaine annĂ©es, mais le rocher qui a causĂ© sa perte est toujours bien vivant.

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Le mouillage organisĂ© devant l’üle n’est pas trĂšs frĂ©quentĂ© et lorsque le trĂšs beau et trĂšs propre prĂ©posĂ© de la Mustique Company nous a annoncĂ© le tarif, nous avons compris pourquoi. Bref, nous y sommes restĂ©s une petite demie heure, sans regret, l’intĂ©rĂȘt de l’escale Ă©tant minime.

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Et c’est Canouan qui nous a accueilli dans sa grande baie de Charlestown. C’est là que nous avons vu le premier vrai et grand lagon aux eaux cristallines de notre voyage, sur la cîte est, avec des couleurs à couper le souffle.

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Les habitants semblent prĂ©occupĂ©s par leurs ressources en eau assez faibles. Chaque maison est Ă©quipĂ©e de nombreuses gouttiĂšres qui acheminent les pluies dans des citernes ou rĂ©servoirs plus ou moins luxueux accompagnĂ©s souvent d’un chauffe-eau solaire. Le dĂ©veloppement de cette petite Ăźle passe depuis une ou deux dĂ©cennies par le tourisme de luxe dont tous ne profitent pas encore et les contrastes sont forts entre les quartiers. La pauvretĂ©, voire la misĂšre, restent bien visibles.

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Mayreau fut notre quatriĂšme Grenadine, celle du PĂšre Divonne, un moine martiniquais qui lui a consacrĂ© sa vie, cas unique de catholicisme dans les Antilles anglaises, trĂšs gĂ©nĂ©ralement d’obĂ©dience protestante. La Salt Whisle Bay (joli nom n’est-ce pas ?) est un concentrĂ© de beautĂ©s tropicales, cocotiers, sable blanc, plage exposĂ©e au vent de l‘autre cĂŽtĂ© de l’isthme pour les kite surfs, mais elle est trĂšs petite et sur frĂ©quentĂ©e.

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Nous avions un excellent mouillage, mais il nous a fallu le quitter lorsque le disc-jockey local a commencĂ© Ă  diffuser ses effluves de musique mi-reggae mi-musette locale, Ă  donf ! De plus, le vent ayant lĂ©gĂšrement tournĂ©, le clapot commençait Ă  rendre l’abri moins agrĂ©able.

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BrĂ»lant Ă  regret cette Ă©tape, nous nous sommes dirigĂ©s vers les Tobago Cays, situĂ©es Ă  moins de 3 milles dans l’est, en cheminant au moteur dans un chenal parsemĂ© de grands bancs de coraux bien visibles. Et nous avons trouvĂ© un mouillage beaucoup plus confortable et silencieux entre les Ăźlots de Petit Rameau et Petit Bateau, ça ne s’invente pas !

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AprĂšs avoir honorĂ© de quelques billets les rangers du parc naturel, nous avons pu profiter de bains de mer en masque et tuba, malgrĂ© un courant assez fort, et de promenades Ă  pied ou en Zodiac dans ce dĂ©dale de cailloux et d’ülots abritĂ© par la barriĂšre de corail appelĂ©e Horse Shoe reef, en raison de sa forme en fer Ă  cheval. L’alizĂ© gĂ©nĂ©reux et rĂ©gulier nous gratifie, en plus, de toute la production Ă©lectrique dont nous avons besoin, jusqu’à remplir nos rĂ©servoirs d’eau douce sans faire tourner le groupe ! Quel pays de cocagne.

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Une petite dĂ©ception, les eaux ne sont pas toujours aussi claires et poissonneuses qu’espĂ©rĂ©. Mais nous allons quand mĂȘme y rester un peu, puis rejoindre Union, avant d’entrer ensuite dans les Grenadines de Grenade, en commençant par Cariacou qui semble trĂšs allĂ©chante aussi !