Nous n'avons pas déchiré nos vêtements, et pourtant le 21 nous n'avions toujours aucune nouvelle des pièces attendues pour la réparation. Elles sont arrivées le 22, et en rodant sur le chantier comme chaque jour, Alain a compris qu'il y avait du nouveau car il était question de sortir le bateau de l'eau dans la journée.



Retournant à bord, il a été intercepté par un équipage français rencontré la veille qui cherchait désespérement son chat. En effet celui-ci s'était fait les griffes la veille sur les merveilleux coussins en cuir d'un autre bateau. Bien que ses propriétaires aient promis de payer la facture de réfection de tous les coussins, ils craignaient le pire. De fil en aiguille, discutant de ce sérieux problème et du sort peut-être sinistre du matou avec tous les plaisanciers du ponton, il s'aperçu un peu penaud que Dartag était parti, en remorque vers la grue, sans lui. Il n'avait plus qu'à y retourner à pied, laissant l'équipage du chantier seul à bord avec Marie-France un peu étonnée!

le problème apparait

sous la grue

le coupable

c'est réparé

Le levage du bateau et la réparation étaient terminés en deux heures. Mais il fallu en attendre quatre autres pour que le quai de remise à l'eau soit libre et ce n'est qu'à 18h30 que Dartag retrouvait son élément, guéri de tous ses maux, et nous épuisés par la chaleur écrasante de cet après-midi caniculaire à galoper dans tous les sens du terre-plein à la cale moteur pour rincer la transmission, refaire le plein d'huile, chercher les outils spécifiques de l'hélice, ranger le tout en fin d'opération. Et il nous fallait ensuite refaire un plein de courses pour partir dès le lendemain matin afin de se libérer de cette quarantaine imposée et stérile. "M'ferez huit jours qu'y disaient", et bien nous les avons faits et nous ne tenions plus dans les starting blocs dès l'ouverture de la porte.



Samedi matin toujours aucune nouvelle de l'expert maritime ajaccien que nous avait annnoncé l'assurance, bien que nous lui ayons envoyé plusieurs emails et SMS pour le tenir au courant en temps réel de l'avancement des travaux. Tant pis on part sans l'avoir vu, à midi.

arrivée en douceur



La brise d'abord molassonne s'est levée vers 14h d'une direction idéale pour entamer la troisième grande traversée (160 milles) de cette croisière, cette fois directement vers le Sicile, brûlant l'étape que nous avions envisagée à Villasimius. Elle a tenu jusqu'à 2h du matin sous une voute étoilée absolument extraordinaire de clarté après le coucher du mince premier croissant de lune. On voyait même le reflet dans la mer de la voie lactée, ce qui est très rare. Mais il a fallu ensuite se rendre à l'évidence et mettre au boulot les galériens du bord (40 chevaux vapeur dissimulés dans un bloc compact de couleur verte portant la marque Volvo, à fond de cale dans des conditions de chaleur épouvantable, mais ils ne se plaignent pas). Ils ont bossé sans forcer pendant 9h, nous faisant avancer de presque 50 milles, abreuvés de seulement 25 litres de fuel, avant que le vent ne revienne et nous avons fini cette étape par un bain de mer à 27° à l'ombre du chateau de l'île de Marettimo. C'était le premier de l'année, et du coup, nous l'avons arrosé avec un Ti-punch d'enfer.

Marettimo 687 m



Ce matin, après avoir bien récupéré, le réveil a été un peu brutal, entourés de barcasses en tout genre déchargeant leur flot de touristes dégoulinants d'huile de bronzage et hurlant les consignes dans des haut-parleurs. Vite on s'en va, mais, sans vent, on ne va pas loin. Une heure après on se dit que le mieux, pour attendre qu'il vienne, est de visiter le port et le village de l'ile tout proches. Et on débarque avec notre petit Zodiac sur l'un des quai désert de la mini marina locale. Avant même d'avoir atteint le bout du quai, deux blancs becs nous font savoir en étranger sans même se lever de leurs sièges crasseux, que les annexes ne sont pas les bienvenues à cet endroit, même pour dix minutes. On rembarque donc un peu déçus et surtout débectés par cet accueil ridicule. On mangera donc à bord avant de repartir une fois le vent venu.

Favignana vue de Preveto



C'est près de l'ile de Favignana toute proche de la Sicile (entre Trapani et Marsala), que nous passerons la nuit prochaine dans un très beau mouillage abrité du vent et de la mer en compagnie de quelques autres voiliers, dont plusieurs français, et de milliers de mouettes de l'ilot voisin.



Demain nous repartirons vers Marsala ou peut-être plus loin, en attendant une occasion favorable pour rejoindre les iles pélagiques.