Et bien nous sommes passés sous le pont de Poséïdon (officiellement "Charilaos Trikoupis") mis en service en 2004 l'année des jeux olympiques d'Athènes, avec un peu d'inquiétude, mais finalement il y avait de la marge.

passera, passera pas ?

Voici quelques éléments à propos des dernières énigmes:

Concernant les boules fixées sur des mâts haubannés, nous avons une explication qui ne nous satisfait qu'à moitié, mais qui pourrait bien être la bonne. Il s'agirait de paratonnerres, hypothèse confirmée par la section importante du fil de cuivre nu qui sort du mât par le bas pour s'enfouir dans la terre. Une des propositions reçues affirmait que c'était un bidule appelé "anémomètre musical" mu par Eole pour faire de la musique pope. C'était là aussi très vraisemblable. Du coup nous doutons fortement de la première hypothèse.

Pour le Korax de l'odyssée, "korax" signifiant corbeau en grec, il est clair que la photo que nous vous avions envoyée est celle d'un simple mur à corbeau, qui ne sert même pas à y loger des popes en soutane.

Pour les boites bleues, vous avez tous trouvé la réponse, il s'agissait de ruches, mais chose intéressante, nous avons appris à cette occasion que les abeilles aimaient cette couleur qui favoriserait donc l'arrivée des essaims et la production de miel.

Le texte gravé sur la plaque devant l'église de Katomeri (île de Meganisi) signifie: AU NOM DU PERE ET DU FILS ET DU SAINT ESPRIT CENTRE SPIRITUEL CETTE MAISON QUOTIDIENNE A ETE FONDEE LE 29 JUIN DE L'ANNEE 2006 DU SEIGNEUR C'est du grec classique, malgré l'année !

Nous y étions le 29 juin 2009, il s'agissait donc du troisième anniversaire de cet édifice.

Merci pour toutes ces contributions enrichissantes.

Donc, après vous avoir quittés à Céphalonie, nous avons fini par prendre la décision de regagner le continent et de viser le golfe de Patras. En fait une seule escale nous paraissait avoir un certain intérêt, ce fut Messalonghi. Après une traversée calme de 40 milles, dont l'essentiel au moteur par manque de vent, nous avons remonté le canal qui, tel celui de d'Aigues Mortes, permet à cet ancien port ensablé dans les alluvions des deux fleuves qui débouchent à proximité, de garder l'illusion d'être toujours au bord de la mer. Ce canal est bordé sur toute sa partie finale par de nombreux cabanons sur pilotis, formant un village de pêcheurs et aussi de loisirs, dont les couleurs sont charmantes, et d'aspect assez exotique.

cabanon de messalonghi

Cette ville fût un haut lieu de la guerre d'indépendance grecque en 1821-1825 avec une défense héroïque lors du siège imposé par les turcs, terminée hélas dans un abominable bain de sang, et la déportation en esclavage de plus de 30 000 personnes en Turquie et en Egypte. Certaines de ces victimes, qui avaient été "rachetées" par des membres de la diaspora grecque, en sont revenues, mais mutilées par leurs tortionnaires, qui voulaient pouvoir les identifier si nécessaire. Un grand jardin est consacré aux héros de cette phase essentielle de la guerre d'indépendance et plusieurs personnalités étrangères qui s'étaient engagés aux côtés des grecs pour leur indépendance, y sont honorés, en particulier le poète anglais lord Byron dont la statue trône en bonne place.

l'enfant du héros

Le passage sous le magnifique pont à haubans qui relie les deux rives du golfe, et a été pendant quelques mois, jusqu'à l'ouverture du viaduc de Millau, le plus long pont d'Europe, nous donnait accès au golfe de Corinthe. Cela commence à sentir l'Orient.

pont de poséïdon

Nous avons eu du vent pour ce passage, même un peu plus que nécessaire, et nous avons pu mouiller en arrivant devant la cité médiévale de Navpaktos plus connue historiquement sous le nom de Lépante. Sur la plage quelques bistrots sont installées sous les eucalyptus. Hélas, dans l'un d'entre eux, une animation musicale tonitruante faisait résonner toute la baie de boum-boum monstrueux, toujours sur le même rythme, que nous avions perçus à plus d'un mille de l'arrivée. Cela ne s'est arrêté qu'au lever du soleil le lendemain matin, et notre nuit fut ainsi un peu perturbée, mais nous n'avions pas le choix.

Port médiéval

Le port, et la forteresse qui le domine, sont essentiellement l'oeuvre des vénitiens et n'ont pas subi trop de destructions naturelles ni humaines si bien que le site est encore bien vivant et a fait l'objet de restaurations réussies. De plus ils sont logés dans des paysages majestueux de mer et de hautes montagnes au point de ne plus très bien savoir de quel côté se tourner pour tout voir et qu'en fonction de l'heure de la journée la lumière et le vent diurne changent la panorama. Lorsque nous avons débarqué de l'annexe dans le petit port, Thierry et Nicole, que nous avions rencontrés à Corfou, nous attendaient sur le quai, tout à fait par hasard. En fait il retournent en France lundi pour un mois et demi, et étaient venus faire cette visite en bus depuis le port où il laisseront leur bateau pendant ce temps. Nous avons visité la citadelle avec eux et les retrouverons peut-être avant leur départ.

cervantès

La fameuse bataille de Lépante, en 1471, mit aux prises plusieurs dizaines de milliers de combattants et d'esclaves, essentiellement des rameurs. La flotte d'une coalition Ottomane commandée par Ali Pacha, soutenue par des Egyptiens et des Berbères, forte de plus de deux cents galères, et celle de la Sainte Ligue sous la conduite des galères vénitiennes de 750 hommes chacune, commandée par Don Juan d'Autriche, 23 ans, batard de Charles Quint, s'affrontèrent une journée entière et la bataille se termina par une déroute catastrophique des ottomans et une hécatombe impressionnante. Cervantès, qui servait sur un navire espagnol, y perdit un bras. La suprématie ottomane sur les mers fut remise en cause pour quelques années, mais n'empêcha pas cet empire de continuer ses conquêtes en Europe pendant encore au moins deux siècles. Quelques millénaires plus tôt, les athéniens y avaient remporté une bataille navale sur les spartiates (en 429 av JC).

Encore des pages de l'histoire chargée de cette mer, pour la domination de laquelle tant d'hommes, de puissants, de religieux, de princes, d'empereurs, se battirent pendant tant de siècles pour prétendre faire tranquillement des affaires ou plus simplement éliminer des infidèles. Sommes-nous maintenant à l'abri de tout cela ? rien n'est moins sûr en dépit des apprences.

Trizonia

Après le fracas des canons et l'odeur de la poudre, nous avions besoin d'un intermède plus calme. Nous avons donc mis le cap sur l'ile de Trizonia, à une quinzaine de milles dans l'est de Lépante. Une belle brise nous y poussa rapidement. La petite baie est équipée d'une marina à moitié terminée, entourée d'un petit village, et nous avons préféré mouiller juste devant, dans un site qui pourrait ressembler un peu à Port Cros pour ceux qui connaissent.