Quitter les USVI et St Thomas sans expérimenter le commerce local eut été une bêtise.

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D’abord le « souk Â» pour les croisiĂ©ristes. Tout le centre ville y est consacrĂ©, mais c’est de la monoculture de produits de luxe dĂ©taxĂ©s. Bijoux, horlogeries, parfums, toutes les grandes marques sont lĂ , dans des magasins magnifiques avec du personnel nombreux, chic et disponible. MĂŞme moi, avec mes crokes de contrefaçon, ma casquette douteuse et mon sac Ă  dos blanc Ă©limĂ©, je passais pour un client potentiel. Mais je n’avais pas besoin d’une montre Breitling ou Rolex, ni de parfums Hermès, ni de bijoux Van Cleef et Arpels, ou de sac Ă  main Louis Vuitton. Dommage, car les prix paraissaient raisonnables, encore que je manque un peu d’élĂ©ments de comparaison !

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Je cherchais plutôt des fruits et des plats cuisinés surgelés. Nada, il n’y a aucun commerce de ce genre ici. J’ai quand même trouvé des bananes vertes un peu plus loin chez une vieille tortolaise qui tenait un petit étalage sur le quai.

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L’hĂ´tesse du bureau de tourisme officiel m’a conseillĂ© d’aller Ă  l’hyper marchĂ© PUEBLO, Ă  la sortie de la ville Ă  plus d’un mile ! Je me suis dit que c’était l’occasion de tester ce genre de commerce Ă  l’amĂ©ricaine, mais j’y suis allĂ© en Zodiac, le laissant amarrĂ© au « dinghy dock Â» de l’autre marina toute proche.

J’ai fait le tour complet des rayons visitant TOUT pour m’instruire et me faire une idĂ©e des prix. Et je suis reparti avec cinq barquettes de plats cuisinĂ©s congelĂ©s Ă  base de poulet, poisson ou bĹ“uf ! Deux ou trois fois plus chères que leurs Ă©quivalents en Guadeloupe et surtout infects. Depuis, je me pince le nez quand j’en ouvre une, elles ont toutes le mĂŞme goĂ»t, les mĂŞme sauces et la mĂŞme consistance, en pensant Ă  la plaisanterie de Coluche Ă  propos de Vivagel : « des bouillons Kub et de la sciure ! ». OĂą sont nos poĂŞlĂ©es campagnardes, nos paĂ«llas, nos riz cantonnais, nos lasagnes, nos potĂ©es lorraines, nos cassoulets, nos confits de canard,…. ? Heureusement que j’ai encore quelques bons produits bien de chez nous. Mais l’avenir sera sĂ»rement de chercher des petits commerces ou des marchĂ©s, avec de la viande, des Ĺ“ufs, du poisson, des fruits et des lĂ©gumes locaux ! Evidemment il faudra cuisiner, on n’a rien sans rien.

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Et pourtant la prĂ©sence française Ă  St Thomas est bien rĂ©elle !

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Donc j’ai repris la mer vers les ex-Antilles Espagnoles, Vieques et Culebra intégrées depuis 1898 avec Porto Rico aux USA, et qui ont vécu pendant le 20ème siècle une longue éclipse, refermée en 2003, en tant que base de l’US Navy et terrain d’expérimentation d’armes en tous genres. Cela a laissé des traces sévères sur le terrain et dans les cœurs des habitants.

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Courte traversĂ©e de 25 milles par un temps encore une fois exquis. A l’arrivĂ©e Ă  Culebra, il fallait faire un peu attention pour prendre le chenal assez bien balisĂ©, entre les Ă©cueils, patates de corail et autres rĂ©cifs vicieux. Mais tout s’est bien passĂ© jusqu’au mouillage, Ă  la voile s’il vous plait, dans la plus belle rade visitĂ©e jusqu’à maintenant. Parfaitement protĂ©gĂ©e et bordĂ©e de-ci delĂ  de jolies propriĂ©tĂ©s les pieds dans l’eau. Au fond, le village de Dewey et ses petits restaurants dont les terrasses sur l’eau servent aussi de ponton Ă  annexes. Une merveille !

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Le « hic Â» ce fĂ»t les formalitĂ©s de douanes et d’immigration, Ă  l’aĂ©roport, après deux kilomètres de marche, auxquelles j’ai passĂ© presque tout l’après-midi, alors qu’il n’y avait qu’un Ă©quipage avant moi. Un fonctionnaire de la CBP (Custom and Border Protection) seul, lourdement armĂ© et plutĂ´t gentil, appliquait laborieusement toutes les consignes qu’il devait appliquer et transposait tous les renseignements que j’avais fournis sur les imprimĂ©s officiels dans son système informatique.

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Lorsqu’il m’a proposĂ© de prendre une « Cruising License Â» pour m’éviter Ă  l’avenir toutes ces formalitĂ©s dans les autres ports amĂ©ricains, j’ai acceptĂ© en le remerciant vivement, mĂŞme si cela coĂ»tait quelques dizaines de $. Si j’avais su, je l’aurais prise Ă  St Thomas oĂą c’est gratuit ! Va savoir pourquoi ? DĂ©sormais, pour l’annĂ©e Ă  venir, il me suffit donc de signaler mon arrivĂ©e dans un n’importe quel port amĂ©ricain par tĂ©lĂ©phone (j’ai mĂŞme la liste des n°) pour ĂŞtre en règle. Le rĂŞve en thĂ©orie, on verra comment cela se passe en rĂ©alitĂ©.

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Et maintenant, je peux visiter l’île, l’esprit tranquille, avec mon petit vĂ©lo. Et bien sĂ»r la merveille des merveilles, la plage de la bahia Flamenco. Une des plus belles des Antilles d’après les connaisseurs. Et c’est vrai, mĂŞme si, en ce samedi, il y avait pas mal de monde. Le sable blanc, les cocotiers, l’alizĂ©, la mer Ă  27°, tout y est pour le clichĂ© parfait. Et derrière les dunes, l’équipement sanitaire, les parkings, les poubelles tous les dix mètres et les gardiens de l’ordre, polis mais fermes. « Le vĂ©lo doit ĂŞtre laissĂ© dans le parking Ă  vĂ©lo et pas ailleurs », na !

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Et ce petit canal qui permet de rejoindre la bahia Sardinia oĂą arrivent les navettes venant de Porto Rico. Il traverse une lagune blottie dans la mangrove oĂą mouillent quelques embarcations locales et qui accueille un petit chantier pour les plaisanciers du coin. Une merveille cet endroit, je vous le dis encore car je le pense vraiment.

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Et, à côté de Culebra, il y une autre petite île, inhabitée celle-là, mais dont la topographie est bien attirante. C’est Culebrita qui porte un grand phare en son sommet. Je ne peux pas résister à l’envie de la visiter aussi. Cette fois les quelques milles du parcours, majoritairement contre le vent seront faits au moteur dans les passes étroites et dangereuses qui la séparent de Culebra.

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Mais cela valait le voyage, même en ce dernier dimanche de janvier. Les puissants yachts de pêche au gros qui sont venus (une douzaine) dans la belle crique abritée de cette île, ne parviennent pas à gâcher le plaisir des yeux et de la baignade.

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Et la découverte à pied des petits chemins de cette réserve sont aussi attrayants, permettant de monter jusqu’au phare au milieu de cette forêt tropicale sèche habitée par des bernard-l’hermite géants, des lézards énormes, et des chèvres sauvages en quantité. Une heure et demie de marche pas toujours aisée, mais bien récompensée par le spectacle et un délicieux bain de mer au retour.

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Et puis, comme partout, à mesure que le jour décline, les bateaux à moteur s’en vont, et seuls trois voiliers restent sur place pour une nuit phosphorescente.

Une grosse journée de mer nous permettra, ce lundi 1er février, d’atteindre San Juan, la capitale de Porto Rico, qui s’annonce passionnante et sans doute plus trépidante que ces derniers jours. Nous nous y plongerons dans l’histoire………….