Notre OUIGO a été parfait, merci la SNCF, alors que ce n’était pas gagné après les intempéries qui ont bloqué les trains pendant deux jours dans le sud-est en ce week-end de mi novembre.
Les restes de l’épisode pluie, neige, inondation étaient encore bien visibles sur le parcours
Mais nous avons pu prendre notre vol Emirates comme prévu à Lyon St Exupéry.
Et le saut de puce final entre Dubaï et Mascate nous a fait goûter à l’immense A380
Le dépaysement nous a surpris avec une tempête de ciel bleu, 27° et des minarets partout
Ce n’est pas une raison pour oublier la cuisine indienne très fréquente dans le sultanat d’Oman
On retrouve quand même quelques invariants comme l’omniprésence des écrans !
De la très belle corniche qui longe le port……
…on ne peut manquer d’apercevoir les deux luxueux yachts du Sultan Qaboss qui fête, en ce jour de notre arrivée, le 49ème anniversaire de son accession au trône. C’est le jour de la fête nationale.
Son père l’avait formé jeune, et envoyé parcourir le monde dans les années soixante pour enrichir sa culture et se frotter aux réalités. A peine revenu, il a pris le pouvoir et commencé un règne de souverain éclairé désirant développer son pays dans le respect de ses traditions. Les moyens nécessaires, tirés du pétrole et du gaz, lui ont permis de faire évoluer en douceur ce peuple de bédouins amoureux du désert, vers une économie équilibrée entre la pêche, l’agriculture, l’industrie et les services. Les 4,6 millions d’habitants (en augmentation rapide, dont 40% d’étrangers) jouissent d’un niveau de vie confortable et d’infrastructures modernes. La religion très majoritaire est l’Islam Ibadite avec des faibles minorités Chiites ou Sunnites. Il y a aussi des hindouistes et des chrétiens, principalement des étrangers, et encore quelques juifs.
Ce pays de plus de 300 000 km² est constitué de deux massifs montagneux séparés par une plaine quasi désertique. Le capitale est Mascate, au sud du golfe d’Oman, située sur le tropique du Cancer. Le décalage horaire est de +3h. La carte disponible sur wikipédia peut être utile. https://fr.wikipedia.org/wiki/Oman#/media/Fichier:Oman_relief_map-fr.svg
La chaîne qui borde le sud du golfe d’Oman se termine dans le fameux détroit d’Ormuz par une péninsule, le Musandam, province d’Oman. Elle est séparée du reste du pays par un territoire aux frontières floues appartenant aux Emirats Arabes Unis. Les liaisons se font en avion ou en bateau rapide. La rive nord du détroit est en Iran. Le climat est tropical sec et même aride.
Au sud du pays, le massif montagneux qui entoure Salalah est le même que celui qui constitue l’essentiel du Yémen. Le climat de cette région est plus humide et influencé par la mousson en bord de la mer d’Oman. Nous n’y sommes pas allés. La proximité du Yémen, déchiré par un terrible conflit depuis quelques années, conduit les autorités omanaises et les ONG à une action humanitaire active et l’accueil de réfugiés à Salalah. La diplomatie d’Oman lui permet de parler avec tous les pays de cette région sensible, y compris Israël, ce qui n’est pas un mince exploit dans le contexte actuel.
Le pays a été dominé par le Portugal au 17ème siècle, mais l’influence occidentale actuelle est plutôt celle du royaume uni. L’anglais est la seconde langue dominante dans tout le sultanat dont l’arabe est la langue officielle. Ce pays est aussi appelé l’Arabie heureuse en raison de sa stabilité, de la sagesse de ses gouvernants, de son développement harmonieux comme de la tolérance de sa religion dominante. Le sultan actuel n’ayant pas de descendant, sa succession n’est pas assurée et demeure un point d’interrogation.
Bien que la monarchie y soit absolue, nous n’avons à aucun moment senti de présence militaire ou policière significative dans l’espace public. Il y a cependant de nombreuses casernes dans tout le pays qui semble tenu fermement. La délinquance y est négligeable et la criminalité quasi inconnue. Le peuple vénère son souverain actuel dont on voit partout des images, et la fierté des omanais s’exprime par une présence massive des drapeaux sur les bâtiments les écoles, les véhicules, les restaurants,…. Il est impossible en tant que touriste de savoir s’il existe une presse libre, une justice indépendante, une police respectueuse du droit,… Mais le rôle des femmes dans cette société musulmane semble plus respecté qu’ailleurs. Elles vont à l’université, travaillent, créent des entreprises, votent et peuvent être élues, peuvent être policiers, conduisent seules des voitures, sortent seules ou en groupe,… un peu à rebours des idées reçues.
Le souk de Mascate est d’une propreté parfaite et, comme souvent, organisé par métiers. Il y a peu de touristes. Quasiment toutes les femmes portent la robe et le voile noirs traditionnels et une petite minorité le voile intégral. Les hommes sont pour la plupart habillés d’une tunique blanche ( la dish-dasha) et d’un chapeau traditionnel omanais (le kumma ou le mussar) de différentes couleurs.
Le marché aux poissons est ouvert tous les matins dans une grande halle moderne. Les vendeurs étalent leurs prises superbes et les clients peuvent faire vider et préparer leurs poissons au laboratoire prévu pour cela à l’une des extrémités. La propreté est parfaite et les odeurs inspirent confiance.
Les murs sont couverts de mosaïques colorées superbes
Toute proche, une autre grande halle est consacrée aux fruits et légumes parmi lesquels des dattes, qui sont une des grandes spécialités du pays. Il y en a de multiples variétés plus ou moins fermes et sucrées. Un régal que nous retrouverons souvent au point d’en faire certains repas.
L’un des monuments emblématiques de Mascate est la grande mosquée du Sultan Qaboos construite à la fin du 20ème siècle et ouverte en 2001.
L’ensemble des jardins et bâtiments couvre plusieurs hectares et ne peut-être visité par les non musulmans que le matin entre 8h et 11h. Une tenue correcte est exigée et surveillée par de nombreux gardiens et c’est hélas nécessaire, certains ayant « oublié » cette précaution. L’entretien est permanent en sorte que la beauté et la propreté soient maintenues à un très haut niveau.
Les tapis, d’une seule pièce, sont surveillés jusqu’au moindre détail et l’accès implique de laisser ses chaussures à l’extérieur parmi celle des milliers d’autres visiteurs.
A l’extérieur, les marbres brillent de tout leur éclat. Pas un déchet, même minuscule, pas un grain de poussière ou de sable. Les reflets sur de telles surfaces sont incroyables
Des groupes de jeunes, joyeux mais respectueux, sont encadrés par leurs professeurs.
Autre lieu important, l’opéra royal programme des œuvres du répertoire classique européen
Ce théâtre à l’italienne est pourvu de loges escamotables et d’une grande scène entièrement modulable pour s’adapter à toutes les œuvres. Ce doit être un régal de voir ici les opéras de Mozart ou Rossini dans un confort aussi parfait. Le prix des spectacles varie de 40 à 150 € la place.
Les décors des mille et une nuits sont somptueux et les costumes exposés dans des vitrines rappellent les grands moments ou artistes occidentaux qui s’y sont produits.
La galerie attenante expose des tableaux parfois étonnants dans ce pays musulman, ou de multiples portraits du sultan parmi les boutiques de luxe…
… tandis qu’à l’extérieur un espace Fauchon permet de se restaurer ou de se rafraîchir agréablement sous des parasols chics sur un dallage de marbre irréprochable.
Le palais royal ne se visite pas même si le sultan n’y réside plus. Il est situé au bord d’une crique entourée d’îlots, qui accueillent aussi de nombreux édifices officiels ou militaires et des jardins magnifiques, parfaitement entretenus et arrosés (vive les désalinisateurs d’eau de mer).
Des familles en noir et blanc s’y promènent ou viennent y passer la soirée en cette journée de fête nationale. Les fils de cet homme et de ses deux femmes portent le poignard traditionnel omanais à leur ceinture, et semblent en être très fiers
Le musée national est un superbe bâtiment tout récent situé à proximité immédiate.
Il expose des objets emblématiques du Sultanat comme ce poignard (le kandjar), qui figure sur le pavillon national, ainsi que de nombreux objets ou bateaux traditionnels de toutes tailles.
Les toilettes de ce musée sont à l’image de la capitale de ce pays, modernes, élégantes, confortables et d’une propreté impeccable.
Notre hôtel, situé sur la corniche est voisin d’une des écoles de la ville.
En longeant le boulevard du front de mer, on retrouve les façades des immeubles construits par les riches marchands souvent libanais, indiens, ou iraniens qui ont établi leurs affaires à Mascate, position privilégiée pour les échanges entre l’Asie, l’Arabie et la Méditerranée, depuis des siècles.
Nous avons découvert cette ville qui s’étend le long de la côte sur plus de 30 kilomètres grâce aux bus et aux taxis efficaces et facilement accessibles. Mais pour gagner l’intérieur du pays nous avons préféré louer un petit SUV Nissan Kicks pour huit jours, à l’agence locale Dollar. L’essence vendue à 0,45 € le litre ne nous forcera pas à casser notre tirelire.
Notre première destination sera la région de Nizwa, deuxième ville du Pays à 120 km au NW. L’excellente route longe d’abord le golfe d’Oman et sa raffinerie, puis s’enfonce dans une plaine entre les montagnes désertiques, parsemée d’oasis et de palmeraies.
Notre première visite est le château de Jabreen magnifiquement restauré.
Ses salles retracent son histoire remontant au 17ème siècle et présentent des objets traditionnels comme cette superbe théière, autre emblème national, ou ce sabre.
Ses remparts permettaient de surveiller la plaine extrêmement plate qui l’entoure, plantée de magnifiques palmeraies. Plus loin on découvre l’urbanisme de la ville voisine, Wihi al Murr, que l’on retrouvera partout dans le pays. Les habitations sont de gros cubes de couleur claire assemblés avec un étage partiel, entourés d’un mur d’environ 2,50 m de haut formant un quadrilatère. Elles sont séparés par quelques dizaines ou centaines de mètres et desservies par des pistes sommaires se croisant à angle droit. Sauf exception il n’y a pas de revêtement en bitume. Les commerces sont regroupés à proximité des routes et donc assez loin des habitations. Il y a aussi de grands hypermarchés de loin en loin. Les habitants circulent en voiture, souvent de gros 4x4 ou des pick-up japonais ou américains en faisant des nuages de poussière. C’est dépaysant, mais l’espace ne manque pas dans ce pays à la très faible densité, et le carburant est bon marché.
Nous sommes ensuite entrés à Bahla, passant par l’imposante porte monumentale de la ville.
Son fort impressionnant comporte, outre les ouvrages de défense, un palais fortifié.
Sa restauration pendant 24 ans permet de l’ouvrir au public, mais il n’est pas meublé et la signalisation est encore embryonnaire. Le site est un peu décevant, mais nous devenons peut-être exigeants.
Le souk de cette ville est actif et les artisans très accueillants. Le rebobineur des moteurs de machine à coudre nous a dit être originaire du Bengladesh (ils sont nombreux) où l’on sait ne pas jeter une machine en panne, préférant la réparer.
Le potier a tourné devant nous, de ses mains, en un clin d’œil, plusieurs ustensiles de maison, petits et grands, avec une adresse et un goût merveilleux.
Dans cette oasis, sous les palmiers dattiers, on cultive des céréales soigneusement irriguées.
Et c’est la grande ville régionale qui nous a accueilli ensuite, protégée par ses remparts et son fort.
Nizwa est le siège d’un grand marché aux bestiaux chaque vendredi. Nous avions besoin de quelques chèvres, quelques cochons et surtout de deux chameaux pour continuer notre périple. Hélas les chèvres étaient pour la plupart déjà vendues à notre arrivée vers 7h30, et les chameaux n’y sont qu’une fois par mois, et ce n’était pas la bonne.
La concentration des opérateurs est visible. Mais malgré nos efforts pour les trouver, les cochons étaient absents.
Je vous laisse imaginer la réaction des marchands quand nous leur avons posé la question. Ils se sont gentiment moqué de pauvres occidentaux ignorant les coutumes locales.
Et nous sommes revenus bredouilles, mais émerveillés par cette visite au cœur d’Oman.
Nous avons pu nous consoler avec des brochettes de cabri, de mouton et de bœuf abondamment préparées sur le parking qui occupe tout le lit du wadi aujourd’hui à sec, mais large de 150 m.
Et nous nous sommes rabattus dans le souk des dattes, en prenant plusieurs kilos pour nos prochains picnics. Elles sont merveilleusement bonnes !
Alors, nous avons pu prendre le chemin de la montagne. Ici on dit djebel ! Le miracle de l’eau s’est produit à Misfat, à 1400 mètres d’altitude, aux paysages bibliques !
Depuis des générations, les habitants captent la plus petite source et distribuent le précieux liquide dans chaque famille au moyen d’un systéme d’irrigation appelés falaj…La discipline est féroce pour éviter tout gâchis ou privilège indu.
L’équité est assurée par un roulement des responsables de la gestion des vannes, en fait de simples pierres entourées de chiffons, qui bouchent ou ouvrent les portes de dérivation du falaj. Chaque famille assure successivement ce service dans une alternance savamment orchestrée.
Nous avons conclu notre visite par une petite pause café-dattes sur une merveilleuse terrasse…
…d’où la vue sur la vallée est sensationnelle….
…avant d’attaquer la montée vers le djebel Shams point culminant du pays. Ici le village de Ghul, se confondant dans le paysage, son oasis, et le débouché dans la vallée du wadi du même nom.
L’excellente route traverse des gorges de plus en plus impressionnantes,
puis des plateaux accueillants aux paysages sahéliens, propices au camping, possible partout.
La balade se poursuit sur des pistes jusqu’à plus de 2000 mètres, permettant d’atteindre les paysages à couper le souffle des hauteurs du wadi Ghul. Un chaos de roches, des dénivelées de plus de 1000 mètres sont façonnés par des rivières au débit infime en temps normal, mais capables de crues effrayantes lors de épisodes de pluies tropicales dont nous ne pouvons pas avoir idée.
Notre vaillant SUV s’est parfaitement comporté sur la tôle ondulée
Mais il a trouvé ses limites dans les graviers du wadi Ghul inférieur où nous avons tenté de suivre d’autres touristes. Il s’en est fallu de peu que nous y restions. Une audacieuse manœuvre en marche arrière nous a tiré d’affaire sous le regard goguenard de ceux qui avaient un vrai 4x4.
Revenu dans la vallée et visitant Al Hamra, ces cavaliers nous ont paru très élégants et ils sont sans doute, eux, parfaitement tout terrain.
Le soir nous sommes retournés à Nizwa où nous avions retenu dans le soi-disant très chic hôtel Heritage Inn, dont la fierté est d’être installé dans un immeuble traditionnel entièrement rénové, au centre ville. La déception fût grande devant l’exiguïté de la chambre sans mobilier, l’absence d’eau chaude, la qualité déplorable du sanitaire, les approximations douteuses dans le rendu de monnaie, l’inconfort de la salle à manger,…. J’en passe, une adresse à fuir et Le Routard sera informé. C’est la seule mauvaise surprise de ce voyage passionnant.
Nous allons maintenant changer de région et nous encanailler dans le désert des Wahiba sands, 200 km plus au sud, à proximité de la côte sur la mer d’Oman. La suite au prochain numéro……