Dès le départ de Mourtos, un évènement sensationnel nous a réconcilié avec l'existence pour plusieurs années. Une belle et grosse bonite s'est prise au rapalas de Marie et durant le temps de la remontée de la ligne, nous avions de grosses gouttes de sueur qui nous perlaient au front, de peur de la perdre. Eh bien nous l'avons eue ! découpée en sept morceaux, elle a été dégustée à petit feu sous différentes formes, au champagne pour le premier diner, comme nous en avions fait le vœu. Continuez à prier, cela marche ! Merci à vous tous.

Lakka



Paxos est une merveille naturelle, et l'affluence modérée en ce début d'été permet d'en profiter simplement. D'abord au nord, dans la crique de Lakka occupée par des voiliers attirés par sa réputation de calme et de douceur. Sur le panoramique du site, Dartag est le dernier voilier à droite. Les tavernas et commerces du village sont vraiment trop accueillants pour y résister. Et Gaïos, la ville principale de l'ile se blottit dans un site original accessible par un chenal étroit et sauvage. Quelle découverte quand on a osé s'y aventurer !



Il fut dit que nous aurions du vent pour ce petit périple, et nous en avons profité. Même au retour sur le continent vers Pargà, qui nous attirait par sa citadelle Normande du 12 ème siècle, devenue vénitienne, puis française, puis anglaise par la ruse, puis vendue aux ottomans qui n'avaient jamais pu s'en emparer militairement, malgré leurs nombreuses tentatives. Ses habitants, déportés alors principalement à Corfou, faisaient partie du peuple des indomptables Souliotes, et leurs descendants sont, aujourd'hui encore, dispersés dans certaines iles Ioniennes, mais ont conservé leur conscience de Souliotes.

Parga pano



La visite de cette citadelle est une épreuve sportive, même si on l'entreprend à 8h30 du matin, mais le spectacle est d'une stupéfiante beauté, sur la ville encore assez marquée par sa période vénitienne, sur la montagne où subsiste un impressionnant monastère byzantin à 900 m d'altitude, sur la mer, constellée d'ilots ayant chacun sa petit église blanche, et, la plus proche, une source d'eau potable vraiment inattendue et exquise. Nous y avons trouvé également des plantes porteuses de graines vertes à maturité dont nous aurions bien aimé connaitre le nom. Les restes de ces fortifications sont très dégradés, encombrés d'oliviers centenaires et de pins splendides, et il paraîtrait impossible qu'un tel monument soit ouvert au public dans notre beau pays de France, tant les dangers de chute, d'effondrement ou de blessure sont présents partout. Pourtant il ne doit pas y avoir plus d'accident qu'ailleurs, les visiteurs étant probablement considérés comme des personnes responsables de leur propre sécurité et prenant en charge les risques potentiels sans menacer de procès l'autorité qui aurait failli à son devoir en n'assurant pas l'encadrement et le contrôle adéquats. Et en plus, c'est gratuit. Quel pays de cocagne !

depuis la Citadelle



Ayant repris la mer en fin de matinée ce jeudi, nous voulions longer la côte jusqu'à Prévéza, sans trop croire que cela puisse être fait à la voile, car la météo n'était pas très encourageante sur ce point. Quelle erreur ! la brise, d'abord bien faiblarde, s'est petit à petit affirmée comme suffisante et favorable pour essayer pour la première fois le spinnaker embarqué cette saison. Quel régal ! Il nous a emmenés jusqu'à destination sans effort, dans une course de plus en plus rapide, atteignant facilement les huit nœuds avec 12 à 14 nœuds de vent à la fin. C'était presque dommage d'arrêter !

spi



Dans l'euphorie de cette étape parfaite, nous avons découvert une ville importante pleine de ressources et, comme nous étions amarrés à quai juste devant tous les restaurants et tarvernas de la ville, nous en avons profité. Les cafés frappés à la grecque et les grillades de sardines et anchois nous laisserons un souvenir délicieux, surtout arrosé du fameux vin grec Retsina, si étrange et si parfumé. Il nous a fallu du rab. Heureusement qu'il n'y avait que le quai à traverser pour retourner à bord ! La nuit à été parfaite, alors que nous nous attendions à être réveillé par le silence à la fin des festivités de ce vendredi soir très animé, il n'en fût rien. Nous dormîmes jusqu'à l'aube !



Heureusement car le programme de ce samedi démarrait fort. Pour visiter le site de Nicopolis, ville romaine crée par Octave, futur premier Empereur romain sous le nom d'Auguste, après sa victoire sur Antoine et Cléopâtre en 31 avant JC, il y avait neuf kilomètres à parcourir. L'usage de nos petits vélos était tout indiqué, car le parcours est plutôt plat. Mais, plat en Grèce, ce n'est pas tout à fait comme au plat pays ! Bon, nous l'avons fait, mais étions légèrement congestionnés à l'arrivée. De nombreux petits oratoires sont disposés le long des routes, plus ou moins jolis, témoignant de la piété qui règne dans ce pays. Nous ne vous parlons pas du retour, car nous étions cramoisis, malgré un arrêt boissons fraiches à l'ombre des palétuviers au bord de la lagune d'Amvrakikos et un autre dans le cimetière ombragé de Prévéza tout proche de l'arrivée.

petit oratoire



Le site de Nicopolis est gigantesque. Les remparts et l'aqueduc romains barrent le paysage sur des hectomètres, les thermes, théâtres, stades et les 4 églises et sanctuaires byzantins rajoutés ensuite, occupent un espace considérable sur plusieurs kilomètres. On est interloqué par la présence de mosaïques, colonnes, frontons, sarcophages, sculptures, dispersés et abandonnés en pleine nature dans les broussailles et les arbres, avec quelques chantiers de fouilles en cours. L'ensemble est très dégradé et on se demande comment il serait possible de mettre en valeur ou mieux encore de restaurer ces éléments du patrimoine de l'humanité. Il est vrai qu'il y en a tellement dans ce pays. Nous espérons que nous ne nous lasserons pas d'en voir, pour finir par nous dire: "ben quoi, une ruine, c'est une ruine !"

ruines disponibles



De retour à bord pour le déjeuner, nous avions besoin de fraîcheur. Eh bien, figurez-vous que le temps orageux qui menaçait, sans menacer vraiment, depuis trois jours, nous a gratifié d'une minuscule averse, à peine assez fournie pour mouiller la poussière qui stagne à nouveau sur le pont. Et maintenant, il va falloir attendre un ou deux mois pour la suivante, c'est presque décourageant !



Demain c'est l'été, et la fête de la musique. Nous serons sûrement encore à Prévéza ou les environs au moins jusqu'à lundi, car nous avons quelques travaux d'intendance à assurer