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Avant de quitter Los Roques, nous y avons fait une dernière escale, comme si nous ne devions pas y revenir. La plus belle, si c’est possible, dans le lagon de Cayo Frances d’environ un demi mille de diamètre. La magnifique barrière de corail n’a qu’une passe étroite, la protection est donc parfaite.

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Evidemment il y a du monde en ce jour de Pâques mais il y règne une certaine organisation ; il y a le coin des voiliers, face au grand large, le coin des moteurs l’arrière tournĂ© vers la plage et le coin des pĂŞcheurs qui ont construit des cabanes sur la partie atoll. Et les planchistes et kite-surfeurs, dont une très mignonne, s’en donnent Ă  cĹ“ur joie. Il n’y a pas de pavillons Ă©trangers Ă  l’exception du notre. Ce pays est quasiment boycottĂ© depuis que la sĂ©curitĂ© a souffert de la pagaĂŻe qui remonte Ă  la fin du règne de Hugo Chavez, et son successeur Nicolas Maduro n’a rien arrangĂ©, au contraire.

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Nous y avons retrouvé certains bateaux déjà rencontrés comme Arno, dont l’équipage francophone m’avait briefé sur les formalités vénézuéliennes. J’en ai profité pour le remercier et en discutant, j’ai découvert qu’il avait été étudiant à Nancy, dix ans après moi et que sa femme était française. Pas étonnant qu’ils soient francophones.

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La météo annonçant une accalmie dans l’alizé pour trois jours, nous avons repris la mer le lundi matin, espérant avoir une traversée directe facile, d’abord en serrant un peu le vent puis, en profitant d’une rotation annoncée au sud-est dans la deuxième partie, plus portante et confortable. C’est ce qui s’est effectivement produit, mais le vent est resté plus fort que je ne l’attendais, rendant la première journée un peu dure et arrosée.

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Au début il paraissait possible de viser les iles de l’est de Porto Rico, puis dès le deuxième jour, plutôt les Iles Vierges Américaines, notamment Saint Croix, la moins fréquentée et donc probablement la plus authentique.

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Et il fût même possible de la contourner par l’est, évitant un louvoyage d’une douzaine de milles pour atteindre la capitale Christiansted située sur la côte nord. C’est la plus grande des trois îles, peuplée de moins de 60 000 habitants. Elle fut surtout danoise après avoir été un peu anglaise, hollandaise et française, puis rachetée, avec les autres USVI, par les USA en 1917.

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Son passé colonial ressemble à celui de beaucoup des Antilles, basé sur la canne à sucre, le rhum et l’esclavage. Seule la rhumerie a survécu en achetant désormais des cannes à sucre dans les autres iles. Sur sa côte sud, l’ile accueille une des dix plus grosses raffineries de pétrole du monde, traitant essentiellement du brut vénézuélien. Le reste de l’activité est basée sur le tourisme et l’immobilier avec une ambition haut de gamme, mettant en valeur son isolement relatif dans les Caraïbes. Certaines propriétés sont somptueuses et l’aéroport international permet de les atteindre directement du monde entier.

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Pour les transports locaux vers les autres îles vierges, c’est l’hydravion qui est le plus commode compte tenu du faible nombre de clients, évitant à ces riches et exigeants touristes, les inconvénients des traversée maritimes musclées dans l’alizé et ne nécessitant quasiment pas d’infrastructures couteuses.

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Une grosse perturbation pluvio-orageuse nous a fait prolonger le séjour au mouillage me donnant l’occasion de terminer certains petits bricolages à bord, et de bien rigoler en retardant les blagues du premier avril sur Internet. Certains ont vraiment une imagination débordante et cette tradition reste bien vivante. Ce fut aussi le moment de faire un peu de cuisine.

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Et, en ce samedi matin, le beau temps Ă©tant revenu, nous avons gagnĂ© en quelques heures d’une traversĂ©e très agrĂ©able la dernière vierge amĂ©ricaine, celle que nous ne connaissions pas : St John. Elle fĂ»t quasi abandonnĂ©e après la fin de l’esclavage, puis rachetĂ©e par un hĂ©ritier Rockefeller qui l’a offerte Ă  l’Etat fĂ©dĂ©ral pour en faire un parc national. Elle est donc peu peuplĂ©e et ne possède que peu de routes, et pas d’aĂ©roport.

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Sa capitale est le village de Cruz Bay dont le mouillage semble, sur la carte, et d’après notre guide, assez accueillant. Hélas en y arrivant, nous avons dû y renoncer tant il est encombré, pour mouiller à l’extérieur. Mais cela nous a permis de débarquer pour une visite et quelques courses.

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Disons le tout net, l’ensemble est vilain, disparate, bruyant, et fréquenté par une faune du même genre que beaucoup d’endroits à la mode, jeune, percée, tatouée et flambeuse. Grosse déception, d’autant plus que le ravitaillement est possible mais à des prix exorbitants.

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L’impression aussi d’être envahi par des gros 4x4 majoritairement des JEEP rutilantes de toutes les couleurs est une très mauvaise surprise. Mais attention, pas la version dĂ©capotable, non, les gros modèles entièrement fermĂ©s et climatisĂ©s. Lorsque l'une d'entre elles passe Ă  proximitĂ© vous sentez le torrent d'air brĂ»lant qui sort de son radiateur, une honte ! Il n’y a que cela, partout, offertes aux touristes par des dizaines de loueurs Ă  tous les coins de rue. MalgrĂ© les petites galeries marchandes et le joli cimetière marin dominant la baie, le charme de ce village est gâchĂ©.

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Bon, vite retour à bord, mais le courant a changé et Dartag est maintenant en travers au vent dans une houle invraisemblable, rendant le mouillage inconfortable. Parmi les autres plaisanciers qui étaient là au début de l’après-midi, la plupart sont déjà partis. Il n’y a plus qu’à faire comme eux et les rejoindre un mille au nord dans une autre baie entièrement équipée de bouées. Allons-y quand même, cela parait confortable, mais l’impression de machine à sous se confirme. Alors demain matin à l’aube on cherchera mieux, sans doute du côté des British Virgin Islands voisines.

A suivre…………….