Le vent n'est pas tombé vendredi comme le prévoyait la météo, mais il a un peu diminué. Nous avons donc quitté Syros samedi aux aurores, après six jours d'escale, finalement bien agréables malgré un mouillage inconfortable, dans cette ville pleine de ressources. Nous étions en mer à 7h30 locale et nous avons fait une traversée éclair vers Mikonos avec simplement le génois, et encore partiellement roulé, dans un vent de 25 à 30 nœuds avec des rafales à 35. Presque toutes les poussières accumulées sur le pont après notre long séjour en pleine ville par grand vent ont été lavées par le solide arrosage que nous a offert la mer Egée, dans sa grande bonté. Il n'y avait plus, sur le pont, qu'à fignoler certains coins à l'arrivée et s'occuper sérieusement du nettoyage du cockpit qui en avait bien besoin. Cela fait du bien d'avoir un bateau propre.

coucher de soleil de Mikonos



Après une bonne sieste, nous sommes partis en repérage pour organiser notre visite à Délos dès le dimanche, puisque le site est fermé le lundi. Notre idée de louer encore un scooter a finalement marché, mais après que, dans un moment de découragement, nous ayions déjà sortis et mis en œuvre les vélos pour aller en ville, distante de deux kilomètres. Finalement nous avons pu en trouver un, et heureusement, car la route de la côte, même courte, aurait été horriblement dangereuse en vélo et, comme ils n'ont pas d'éclairage, nous n'aurions pas pu profiter du coucher de soleil et des délices de Mikonos jusque tard dans la nuit.

ambiance



Cette ville est un concentré de St Tropez et Capri par son animation, sa musique, ses boutiques de mode, de bijoux, ses cafés-tavernas et la faune jeune et branchée qui s'y régale dans tous les plaisirs de vacances. La circulation à moteur y est interdite sauf pour les professionnels, et c'est parfait. Du coup les parkings périphériques sont bourrés à craquer de mobylettes et scooters de location et il faut parfois attendre que l'un d'entre eux démarre pour prendre sa place: incroyable ! Naturellement les stéréotypes sur les maisons Egéennes en forme de cubes assemblés, peintes en blanc, aux volets bleus sont exactement vérifiés, et il y a aussi toutes les chapelles en parfait état, décorées de la même façon, que l'ont trouve à tous les coins de rues, jusque sur les quais du port.



L'ancien port a été pratiquement réservé au trafic local, les voiliers, ferries, NGV et paquebots de croisières sont priés de se diriger vers le nouveau port, à plus d'un mille au nord, mais plutôt pratique, et, comme souvent depuis que nous sommes en Grèce, gratuit.

arrivée à Delos



Ce dimanche donc, nous nous sommes dirigés, avec notre Piaggio "Typhoon" loué la veille, vers l'embarquement pour Délos dans le vieux port. La traversée d'une demi-heure, avec un vent déjà levé mais pas encore fort, est très belle. Mais ce n'est rien en comparaison du choc de l'arrivée quasiment au milieu du centre du monde antique.

temple d isis

Car c'est ainsi que pouvait être qualifié Délos, lieu de naissance d'Apollon et Artémis, ce qui a conduit pendant presque mille ans (6ème siècle avant JC au 4 ème siècle après) au développement du port le plus important de l'antiquité avec ses énormes marchés de biens, de services et d'esclaves, et bien sûr, de sanctuaires dédiés essentiellement à Apollon, mais aussi à tous les dieux, même étrangers, de l'antiquité. Ce site énorme, contient des richesses innombrables encore visibles, même s'il y a beaucoup de champs de pierres, car les fouilles, initiées par l'école française d'Athènes à la fin du 19 ème siècle, ont été si productives qu'elles ont conduit à la construction d'un magnifique musée sur place. Il y a beaucoup de marbre blanc, issu principalement de l'ile de Paros, toute proche, mais aussi du granit local, ce qui peut faire penser un peu aux iles Lavezzi au sud de la Corse.

Cleopatre et dioskoride



Finalement, Délos fut christianisée au 4 ème siècle après JC, devint un évêché, mais son déclin était inexorable, en raison des invasions successives, de la désaffection de pèlerins, du déplacement des routes maritimes, qui finirent par ruiner ses activités. Elle fut abandonnée par tous ses habitants au 7 ème siècle. Aujourd'hui, l'ile est fermée au public dès 15h et jusqu'à 9h le lendemain. Elle est inhabitée et réservée aux scientifiques. En principe le mouillage des yachts est également interdit la nuit, mais des assouplissements semblent avoir été initiés récemment. Cela dit, il y a peu se possibilités et le débarquement n'est pas autorisé en dehors de heures d'ouverture au public.

les ports



Le retour à Mikonos avec la dernière navette fut beaucoup plus venté et houleux que l'aller, et même sur le pont supérieur, nous étions largement "brumisés", ce qui a surpris certains passagers.



Nous ne pouvions par finir cette journée sans une dernière visite de l'intérieur de Mikonos, chevauchant notre 'Typhoon. Nous avons atteint, après une petite erreur de navigation pourtant assistée par GPS (fatigue, manque de concentration, vieillesse ?...attention Alain) le village central de Ano Mera en plein centre duquel se trouve un monastère orthodoxe du 16 ème siècle qui est un véritable bijou. Il s'appelle Panagia Tournali et son dôme peint, sa fontaine intérieure ainsi que son clocher de marbre sont des merveilles.

Tourliani



Le retour à bord en passant par la pointe nord ouest de l'ile, où sont construites quelques belles maisons Egéennes typiques, dans un cadre absolument sensationnel, avec une vue sublime sur la côte ouest, la ville, les ports et le soleil couchant, nous laissera aussi un léger vague à l'âme, lorsque nous serons de retour dans les brumes, le froid et la neige, au nord du 45 ème parallèle. Quelle beauté ! Quelle diversité ! Quel accueil !