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Nous n’avons pas trainé. Juste quelques courses pour remplir la cambuse du minimum vital, et hop, à Marie-Galante, pour une première soirée de rêve, sous la pleine lune.

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Et le lendemain vroom, vroom dans la baie de St Louis si agréable avec ce beau temps, plein soleil et brise modérée, pour découvrir les charmes de cette île fréquentée surtout par des voileux….

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…en nombre réduit. Nous avions toute la place nécessaire dans un paysage inoubliable. Deux journées relax, un petit resto et une visite à l’anse Canot nous furent nécessaires pour décider de la suite. Et nous nous élançâmes au lever du troisième jour vers Antigua et une grosse étape de 75 milles, passant par la Pointe des Châteaux, la Désirade et la grande vigie.

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Le dépaysement est notable à English Harbour, mais la cabine téléphonique londonienne n’est qu’un décor. L’appareil qui y était encore il y a deux ans a été démonté, tué par les portables.

Les formalités sont un peu longues et toujours aussi chères (46 US$), mais les fonctionnaires sont très aimables et guident les malheureux comme nous qui ont oublié leurs identifiant et code pour saisir sur écran leur entrée au paradis du « plus british tu meurs ». Nous avons quand même eu droit à une remontrance pour ne pas avoir fait les formalités de sorties du territoire lors de notre dernier passage en 2017. Mais nous avons échappé à la saisie du navire, aux sept jours de prison et à l’amende de 2000 dollars qui nous pendaient au nez. Bigre, ça ne rigole pas ici !

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L’élégance et la beauté de yachts à voile ou à moteur n’ont d’égal que leur luxe et leur propreté.

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Ils attendent leur propriétaire qui viendra se montrer lors de la manifestation mondaine «Antigua Classic» début avril, ou la sportive «Semaine d’Antigua» fin avril. Mais pour les gueux comme nous, sur leur petit voilier modeste, le confort est parfait et le calme remarquable.

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Un petit louvoyage nous a ensuite menés à Green Island, royaume des kites et magnifique mouillage, protégé par la superbe barrière de corail de la côte au vent. Le snorkelling (en français PMT) y est extraordinaire !



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Mais notre idée était de redécouvrir Barbuda 25 milles plus au nord, et de voir comment cette île un peu à l’écart s’était remise du cyclone majeur Irma qui l’a frappée en septembre 2017. Le luxueux hôtel de Cocoa Point ayant été rasé, c’est un ensemble de petits bungalows qui a pris la relève. Et les clients arrivent toujours par les airs, mais en hydravion, les installations du petit aérodrome privé situé sur le domaine ayant disparu.

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Le site reste fabuleux avec son immense plage se sable blanc.

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Et les clients peuvent se balader dans un puissant engin amphibie au look résolument moderne, qui escalade la plage sur ses chenilles escamotables, leur évitant ainsi de se mouiller les pieds.

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Un peu plus loin le long de la baie, au bout d’une gigantesque plage déserte…

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…un autre complexe hôtelier est abandonné. Les toits ont disparu et les cocotiers sont décapités. On peut y voir des chevaux errer dans les ruines.

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C’est sur la côte ouest que la plage est la plus impressionnante. Environ dix kilomètres de solitude, de beauté, de couleurs à l’état brut, avec six voiliers répartis le long de ce cordon de sable blanc délimitant le lagon de Codrington. C’est le nom du village qui servait de capitale à l’île, et celui de la famille qui avait obtenu du Roi d’Angleterre en 1685 une concession sur cette île pour y développer la culture, l‘élevage, la récolte du sel et surtout le commerce des esclaves.

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Parfois on en vient à se demander si ce paysage est naturel tant il est parfait.

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Les 1500 habitants de cette île toute plate vivaient tranquillement d’élevage, un peu du tourisme haut de gamme (resté très limité comme ils l’ont exigé et obtenu lors d’une consultation populaire), de la pêche, surtout la langouste, lorsqu’Irma les a frappés le 6 septembre 2017. 90% des habitations ont été soufflées ou sérieusement endommagées et toutes les infrastructures détruites, faisant également 3 morts dont un enfant de 2 ans.

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Craignant l’arrivée d’un autre cyclone, José, quelques jours après, les autorités d’Antigua, moins touchée, ont évacué la totalité de la population, le temps de rétablir partiellement l’électricité, l’eau et de dégager les quelques routes de l’île. Deux mois plus tard, certains sont revenus, et ont entrepris la remise en état de leurs maisons inhabitables et dont les dommages ont été aggravés par les pluies qui ont suivi au cours de cette sinistre fin d’été. Aujourd’hui, moins de 300 habitants on rejoint leur île et errent désœuvrés dans les rues quasi désertes. Plusieurs ONG, notamment chinoise, ou personnalités du show bizz comme Robert de Niro sont intervenues avec des moyens limités et l’impression de désolation reste totale.

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Le petit port situé à l’intérieur du Lagon a été remis en état pour les rares pêcheurs, ainsi que la passe nord. La longue dune de sable qui fermait à l’ouest ce grand plan d’eau a été ouverte par le cyclone. Nous avons miraculeusement pu y pénétrer et la traverser avec notre annexe en franchissant un seuil de faible profondeur.

Parmi les rares humains présents sur place le jeune conducteur d’un énorme pick-up nous a demandé si nous avions besoin de quelque chose et nous a recommandé de visiter la ferme d’élevage d’oies qui a repris du service (nous ne l’avons pas vue). Sa passagère québécoise semblait ravie de la promenade qu’il lui offrait dans ce chaos.

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Un pylône de télécommunication a été rétabli au milieu des ruines, l’ancien étant encore par terre.

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L’unique banque reste fermée mais un petit commerce permet de se ravitailler au minimum.

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En dehors de quelques animaux vus au sud de l‘île, notamment des chevaux et quelques oiseaux, le paysage semble désert et les crânes de ceux qui sont morts restent sur place.

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Cela ne nuit en rien au coucher de soleil fabuleux dont nous avons pu profiter ce soir là, avant de regagner Antigua le lendemain par un temps superbe.

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Nous y avons juste pratiqué le rituel des formalités de sortie et sommes repartis sous la pluie.

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Dans l’après-midi sur la route de la Guadeloupe, le temps est devenu instable au point de voir à la base des nuages des amorces de mini trombes qui heureusement n’ont pas dégénéré. Le vent était faible et changeant si bien que nous sommes arrivés au moteur de nuit dans le grand cul de sac marin, suivant la passe balisée avec approximation. Nous nous sommes même échoués à faible vitesse dans la vase en approchant du petit port de Sainte Rose (Sant Woz en créole).

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Les pêcheurs et les pélicans y sont chez eux et cette ville nous a beaucoup plu.

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En dehors des touristes qui y viennent pour les circuits dans le grand cul de sac, il y a une population essentiellement locale et les ressources de cette ville de 20 000 habitants sont appréciables. Quelques restaurants, un grand supermarché, et surtout les marchés aux fruits et légumes locaux et aux poissons. A la sortie de la messe dans la grande église, en ce dernier dimanche de mars, les paroissiens jeunes et vieux, discutent dans leurs belles tenues souvent blanches.

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On peut faire nettoyer et écailler son poisson après l’avoir acheté

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Et les pélicans attendent sagement les bas morceaux que leur jettent les « mamas ».

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Il ‘y a plus qu’à les accommoder, et Nadine est une experte dans ce domaine où son expérience de marseillaise fait merveille. Nous avons fait plusieurs repas de rêve.

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Mais le clou de cette escale fut la visite chez Raoul, où nous avons retrouvé Eva et Benjamin. Installé ici il y a vingt ans et passionné d’aviation, il développe patiemment avec quelques amis pilotes, autour d’une maison d’hôte sur pilotis, et parallèlement à celle du Gosier, une activité aéronavale sans équivalent dans les Caraïbes.

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Equipé de deux hydravions ULM, il offre des formations et des baptêmes dans un cadre de rêve.

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L’atmosphère est très conviviale sans oublier la rigueur nécessaire à la sécurité comme pour tout sport mécanique de haut niveau. Pour un pilote breveté classique, le lâcher en solo sur hydravion prend entre cinq et sept heures de pratique avec l’un des moniteurs sur place. Et il ne faut pas être exagérément « enveloppé Â» car le poids du candidat ne doit pas trop excéder le quintal !

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Et, pour tous, la promenade en pédalo high-tech ne demande qu’une formation de quelques minutes, avec ou sans son chien !

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Et le grand cul de sac marin réserve aussi d’autres surprises comme l’îlet blanc, accessible seulement en dehors des périodes de reproduction des oiseaux…

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…. ou la mangrove, réservoir de biodiversité et lieu de reproduction de nombreuses espèces.

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Quittant presque à regret ce mouillage confortable et tranquille, nous avons poursuivi notre route par la côte sous le vent, commençant par Deshaies, balayé par de puissantes rafales. Escale un peu décevante, car le bourg semble s’endormir au fil des années.

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Puis Malendure et son îlet Pigeon. Mais une curieuse houle de sud-ouest rendait le mouillage rouleur. Nous y avons quand même fait un magnifique snorkelling.

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Après une visite de la petite et coquette marina de Rivière Sens, nous nous sommes lancés dans une traversée musclée du canal des Saintes. Certes l’alizé avait repris ses droits après trois jours à l’abri de la Soufrière, mais il était fort et nous a cueillis un peu à froid…

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…et le nerf de chute de la grand-voile fraîchement révisée nous a lâchés, nécessitant un petit bricolage de plus, arrivés au mouillage de la batterie, à Terre de Haut.

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Nous connaissions tous les deux Les Saintes, mais le choc de beauté est vraiment magique.

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On dit que la baie de Terre de Haut est la plus belle du monde. Il doit y avoir un peu de vrai…

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…même si le mouillage est agité et les rafales bruyantes, Mais l’ancre a tenu….

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…et les punch, planteur ou coco, ont une saveur particulière, les pieds dans l’eau…

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…sur un balcon délicieusement rafraîchi par quelques gouttes de temps en temps, lorsqu’une vague malicieuse s’approche un peu trop près.

Observez les couleurs et le menu peint sur la façade de cet établissement tenu par des bretons. Ils se sont bien adaptés à leurs nouvelles pénates après trois siècles sur place.

Le rhum est vraiment un merveilleux moyen de mettre en valeur toutes les saveurs tropicales. Finalement, les cocktails qu’il permet de composer sont presque, et peut-être même plus variés, que ceux que l’on peut faire avec du Pastis, autre emblème d’une région que nous adorons aussi.

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Après tout cela, nous n’avons pas pu résister à la tentation d’une langouste grillée. Et nous avons pu regagner Dartag sans trop de problème. Il n’y avait même pas de gendarme embusqué !

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Seul l'ancien cabinet médical de Terre de Haut, en forme de proue de navire, reste décapité après le cyclone Maria. Tout le reste est impeccable.

Le retour à Pointe à Pitre après presque trois semaines de vadrouille était inévitable. Lorsque Nadine a repris le taxi vers l’aéroport, nous avions tous les deux la tête remplies de souvenirs, de sensations, de couleurs, d’odeurs, de goûts tellement exquis que nous recommencerons bientôt.

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Quelques amis voileux retrouvés sur place, Philippe, Frédéric et Yukié, Jean-Louis, …et d’autres permirent d’assurer la transition vers la fin d’une belle saison hivernale. Sonadiau, dans sa nouvelle livrée noire, entièrement révisé et muni de voiles de compétition neuves, se prépare pour la semaine de St Barth avec un équipage de onze australiens professionnels. Ça va fumer !

Mais il reste une étape à franchir où les québécois auront une jolie place. Je ne vous en dis pas plus maintenant, ce sera la surprise du dernier billet tropical de cette année.

Une page littéraire pour terminer :

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Il y a longtemps que je suis cette auteure, fille de Dominique Lapierre. Ses romans historiques, fruits d’un énorme travail documentaire sont passionnants. Le dernier raconte la vie d’une aristocrate russe qui a vécu les bouleversements de la fin de l’époque des Tsars à ceux de la deuxième guerre mondiale. Sa détermination, ces choix parfois risqués ou douloureux, son intelligence, son charme, sa culture, son éducation, sa classe, et j’en passe,… lui ont permis de surmonter des épreuves terribles, de faire des rencontres extraordinaires, et de survivre aux aventures qu’elle s’est parfois elle-même imposées dans les milieux les plus divers et dans toute l’Europe. Passionnant, et peut-être même envoûtant, ce gros bouquin se lit pratiquement d’une traite !

Cela change (à mes yeux) des deux derniers ouvrages de Michel Houellebecq que j’avais emportés dans ma liseuse. Ils m’ont semblés sinistres, ennuyeux, par moment pornographiques, violents et même mal écrits. Je me demande comment il peut avoir un tel succès et des prix internationaux. Cet écrivain est obsédé par lui-même et ses propres échecs dans tous les domaines, c’est d’une tristesse ! Ce n’est pas ce que je cherche dans la littérature, mais..... chacun son truc !

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Enfin, une précision : je n’avais pas renouvelé cette année mon abonnement Spot qui permettait de suivre Dartag dans ses escales. Il existe une autre solution par le site MarineTraffic.com qui exploite les données transmises par tous les navires équipés d’un AIS (Automatic Information Service). Ce système gratuit est destiné avant tout à la sécurité et au contrôle des navires dans les eaux internationales. Il est obligatoire pour tous les navires de plus de 20 mètres, mais de nombreux voiliers plus petits sont équipés. C’est assez ahurissant de voir ce que cela donne sur les cartes de la planète mer. Voici le lien gratuit vers les données de Dartag :

https://www.marinetraffic.com/en/ais/details/ships/shipid:4810535/mmsi:227394170/vessel:DARTAG

Bonne lecture et à bientôt !