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Pour trouver un peu de paix et de sérénité, rien ne vaut un mouillage isolé et tranquille, loin de l’agitation de la ville. C’est dans le petit cul de sac marin que nous les avons retrouvées, près de Goyave, dans un lagon protégé par les ilots couverts de mangrove et habité seulement par des frégates, des aigrettes, et…… des moustiques.

Puis nous avons repris le cours des choses en retournant à Pointe à Pitre, retrouver la chaleur d’une ambiance amicale, et poursuivre les petits travaux nécessaires à Dartag après plus de trois mois de croisière et presque 3000 milles.

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Après diagnostic par le fournisseur lui-même, il s’est confirmé que l’une des batteries de servitude, installée il y a à peine plus d’un an, était bel et bien défaillante. J’avais déjà dû la déconnecter pour ne pas qu’elle pourrisse les deux autres, mais cette fois je l’ai débarquée en attendant d’en trouver une de mêmes caractéristiques. Cela permettra de remettre à niveau l’autonomie électrique indispensable au confort, notamment la fabrication quotidienne des glaçons et boissons fraîches, tellement appréciables alors que la température et l’humidité diurnes progressent de nouveau en cette fin de printemps. Le soleil est maintenant vertical et bientôt il sera au nord à midi !

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Surprise, en nous installant au ponton d’accueil de la marina, nous sommes juste en face de Morskoul 5, un Super Maramu 2000 dont nous avions connu le propriétaire, Yves, aux Canaries et au Cap Vert en 2013. Il était alors équipier d’Etienne sur Fradeloma. L’autre équipier, Jean-François, viendra le rejoindre prochainement pour la traversée retour vers l’Europe, mais il doit d’abord réparer les dégâts dus à un incendie d’origine électrique qui s’est déclaré dans le compartiment moteur, lors d’une escale aux Saintes, heureusement éteint rapidement avec un extincteur à CO2. Mais il y a du boulot.

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L’évènement à ne pas manquer se situe à Marie-Galante en ce week-end de Pentecôte. Il s’agit de la 17ème édition du festival « Terre de Blues », attirant des musiciens et artistes internationaux. Toute l’ile est concernée par les animations en différents lieux, et les trois soirées principales sont organisées à l’habitation Murat à deux kilomètres de Grand Bourg, la capitale de l’ile.

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Depuis notre mouillage habituel de Saint Louis, nous avons profité du vendredi pour faire des repérages en rejoignant la capitale en bus. Un village éphémère des artisans et institutions locales était prêt à accueillir les « festivaliers », et différents groupes de danse ou de percussions locaux se produisaient sur les scènes ou estrades de la ville, parfois devant les bistrots.

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Mais les allers et retours en bus depuis Saint Louis ne pouvaient pas constituer une solution confortable pour participer à ce festival et goûter son ambiance. Poussant jusqu’au petit port de Grand Bourg, nous avons découvert, oh divine surprise, qu’il y avait deux nouveaux pontons magnifiques et presque vides, et trois voiliers au mouillage à l’extérieur.

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Dès le lendemain à l’aube, nous avons repris la mer pour essayer de nous y installer pour le week-end. Miracle, en arrivant, il restait juste une place pour Dartag. Pas d’eau ni d’électricité, mais un débarquement facile au cœur du village. Au diable les craintes (non vérifiées) de ne pas pouvoir dormir si la musique était trop forte ! A l’extérieur, il y avait déjà onze voiliers.

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Et de l’autre côté de ce même ponton, un catamaran avec un équipage de plaisanciers venus de Guadeloupe pour le festival, qui, après nous avoir aidé pour l’amarrage, nous a convié à un apéro à son bord ! Et alors là, deuxième miracle, le courant est vite passé entre nous, si bien qu’ils m’ont invité au déjeuner dans la foulée.

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De fil en aiguille, alors que ma motivation pour les grands concerts du festival n’était pas encore bien affirmée, ils m’ont décidé à y aller avec eux, profitant en même temps du transport en voiture offert par un de leurs amis, résident dans l’île.

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Arrivés un peu en retard, nous avons loupé le premier groupe, mais le deuxième était celui de Maceo Parker, un jazzman américain saxophoniste, flutiste, chanteur, danseur, imitateur extraordinaire, à la mesure de cette scène immense arrosée de sunlights, construite dans le magnifique parc de l’ancienne habitation Murat (distillerie de rhum traditionnelle), restaurée pour en faire un écomusée il y a quelques années. Parmi les milliers de spectateurs, nous nous sentions petits, et loin, mais la puissance et la qualité de la sono, plus les gigantesques écrans à haute définition disposés un peu partout permettaient de voir et d’entendre parfaitement. L’énergie des musiciens, le dynamisme des deux chanteuses solo, et la générosité du soliste étaient impressionnants. Quelle performance, qui a duré quasiment 2 heures !

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Le dernier groupe, Konshens, chanteur, danseur et deejay Jamaïcain, nous a moins enthousiasmés, mais il semblait apprécié et bien connu d’une part importante de l’assistance qui communiait véritablement avec lui par des clameurs au début de chaque morceau, dans une ambiance enfumée de hakik, comme aurait dit Coluche.

A peine rentrés à bord, vers 1h30 du matin, une grosse averse nous a fait dire que nous avions eu de la chance, et ne nous a pas empêchés de savourer la bouteille de champagne que nous avions mise au frais pour nous remettre des émotions du concert.

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Déambuler le dimanche de pentecôte à Grand Bourg, d’habitude si calme, parmi les artisans du village, et donc faire quelques emplettes, en profitant des animations musicales de groupes amateurs antillais excellents, autour de l’église ou du port, est un réel plaisir.

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Le lundi, nous sommes retournés mouiller à Saint Louis en révision du concert Blues-Rock prévu chez Henri, le très banché restaurant de la plage, bien connu des guadeloupéens. Trois groupes se sont succédés dont celui de Ladell Maclin un guitariste virtuose. La batterie était tenue par une batteuse quasiment en transes permanente, qui faisait un spectacle envoutant. L’époustouflant et hilare organiste-synthé, et elle, donnaient l’impression de se faire extrêmement plaisir dans leurs improvisations en solo qui déclenchaient des applaudissements nourris des clients et spectateurs de la plage. Un deuxième guitariste les a rejoint, renforçant le style ‘Jimmy Hendrix » du groupe.

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Il y eu aussi un groupe venu d’Anguila, dont la guitare basse était tenue par une poupée barbie noire sensationnelle, au gigantesque sourire et aux talons de 20 centimètres, et un batteur prodigieux, mais dont le visage ne traduisait pas la moindre émotion.

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Dans une telle ambiance, faire des rencontres ou connaissances est naturel. Ainsi nous nous sommes trouvés à la table d’un couple ayant pris depuis une dizaine d’années sa retraite à Marie-Galante et très heureux de ce choix, après 28 ans d’acticités professionnelles en Guadeloupe. Ils connaissent tout de ces iles et partagent volontiers leur passion.

Se remettre au calme après ces journées animées, se reposer du mouvement et des niveaux sonores élevés de ces trois jours, nous incitait à une visite en Dominique, à 22 milles au sud, où la grande et confortable baie de Portsmouth est accueillante, avec ses boat-boys parlant français.

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L’alizé fort nous y a rapidement menés et, si les puissantes rafales sur le mouillage faisaient un peu de bruit, l’éolienne en a profité pour nous fournir l’électricité en abondance. Hélas, la misère dans le village n’a pas régressé depuis notre dernière visite, au contraire.

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Le contraste avec l’opulente Guadeloupe, où un superbe speed-boat coulé depuis trois mois n’intéresse personne, est saisissant, mais l’accueil des autorités est parfait et les droits d’entrée sont plus que raisonnables. Nous y avons même trouvé un délicieux petit pavillon de courtoisie.

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C’est bientôt la fin de ce troisième séjour d’hiver aux Caraïbes, encore une fois riche de découvertes, visites, rencontres et nous allons maintenant ranger, rincer, nettoyer Dartag pour le laisser se reposer tout l’été à Pointe à Pitre avant un quatrième hiver tropical si possible.