Initialement prévu de deux jours, nous avons prolongé le séjour à Bonaire, prenant notre temps pour les petits travaux à bord et en profitant de cette escale calme et agréable.

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En fait cette ile est une dĂ©pendance du royaume des Pays-Bas, au mĂŞme titre que Statia et Saba dont nous avons dĂ©jĂ  parlĂ©. Son statut est sans doute assez proche de celui d’un dĂ©partement français d’outre mer et sa « prĂ©fecture Â» est un beau bâtiment moderne. Mais elle a quand mĂŞme un quartier gĂ©nĂ©ral (modeste, certes) pour ses forces armĂ©es, de police et de sĂ©curitĂ©.

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La prĂ©servation de l’environnement et l’accueil des touristes, croisiĂ©ristes ou plaisanciers sont soigneusement organisĂ©s avec le regroupement des bureaux d’accueil sur un site unique et des fonctionnaires prĂ©venants. La plongĂ©e et le shopping sont les deux mamelles de l’économie. Il faut dire que l’eau est d’une clartĂ© extrĂŞme et que les bains quotidiens dans ces conditions sont super agrĂ©ables, au milieu de milliers de poissons multicolores. Mais les fonds tombent très vite. A deux cents mètres de la plage, il y a dĂ©jĂ  plus de cinquante mètres de fond !

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Deux belles marinas rĂ©centes (chères) en sont l’illustration. Celle du nord gère le parc national et les bouĂ©es de mouillage, et celle du sud est plutĂ´t une opĂ©ration immobilière genre Port Grimaud, Ă  proximitĂ© immĂ©diate de l’aĂ©roport international avec deux tours et une piste de trois kilomètres !

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Ayant inspecté Dartag dans le détail après notre traversée musclée, il y avait trois priorités concernant l’étanchéité aux déferlantes. Le démontage de la manche à air du carré a permis de constater que les joints avaient vieilli, l’un s’étant même décollé de son support. La réparation fut simple et le résultat assuré (à suivre quand même)

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Le hublot de coque de la cabine arrière tribord avait déjà donné des signes de faiblesse, comme ceux du carré et de la cabine avant, déjà traités. Remède identique appliqué, avec de bonnes chances de réussite. Tant qu’à faire, celui de la cabine arrière bâbord a reçu le même traitement, bien qu’il n’ait jamais fui. Il ne se laissera donc pas aller, lui non plus. Le rinçage et le séchage des matelas peuvent donc être envisagés.

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Enfin, pour Ă©viter que les grosses vagues qui dĂ©ferlent sur le pont ne s’infiltrent dans les rails du panneau de descente, et finissent pas mouiller l’escalier, l’idĂ©e de couvrir l’ensemble par une bâche de gros temps, bien ajustĂ©e, avait son intĂ©rĂŞt. D’autant plus que la bâche est dĂ©jĂ  Ă  bord, mais jusqu’à prĂ©sent destinĂ©e Ă  faire de l’ombre au mouillage et permettre le laisser les panneaux ouverts mĂŞme quand il pleut. AussitĂ´t dit aussitĂ´t fait, cela devrait ĂŞtre efficace !

Ce lundi matin 14 mars, départ donc pour Curaçao, bien armé pour affronter le gros temps. En fait c’est un alizé moyen qui nous y a amenés, facilement, au portant et sans une goutte sur le pont. On verra en revenant.

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L’arrivée à Willemstad, capitale de l’île, est majestueuse, mais il y a un pont flottant pour les piétons qui barre le chenal. Après plusieurs appels VHF, nous avons compris qu’il faudrait attendre un bon moment, car c’était l’heure de pointe des piétons. Cela a donné l’occasion d’aller chercher, et de rendre à sa jolie propriétaire, un panama qu’elle avait laissé s’envoler.

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C’est alors que les difficultés commencèrent, en vue des formalités indispensables. Les douanes d’abord, l’immigration ensuite, les autorités portuaires enfin. La place au quai des douanes étant occupée, j’ai visé un autre quai libre, un peu plus loin, probablement prévu pour des pêcheurs. En solitaire, s’amarrer à un quai hérissé de boulons, couvert de mazout et autres cochonneries, dans un chenal agité par un fort trafic, avec pas mal de courant et de vent, n’est pas chose aisée.

Après quelques tentatives prudentes, un pĂŞcheur vĂ©nĂ©zuĂ©lien m’a donnĂ© un coup de main en prenant mes amarres. Ouf ! J’ai pu ajuster un amarrage limitant les risques. HĂ©las, pour rejoindre le quai des douanes Ă  50 mètres il faut franchir un petit pont qui traverse le marchĂ© flottant. Merde, la porte est fermĂ©e ! L’annexe règle le problème, mais la laisser amarrĂ©e le long du quai des douanes hideux et sale dans une eau très agitĂ©e, ne me disait rien que vaille. Je n’avais pas le choix.

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L’accueil des douaniers a été chaleureux et même amusant. Le fonctionnaire qui remplissait le dossier sur son écran, poussait un soupir d’aise chaque fois qu’une étape était franchie et me regardait en rigolant. A la fin j’ai eu mon papier et il m’a indiqué où se trouvait le bureau de l’immigration. J’ai mis un peu de temps à le trouver, avec l’annexe, mais j’en ai profité pour visiter cet immense port naturel rempli d’installations industrielles, et de raffineries ou de stockage. Aucun amarrage possible, sauf à la Marina, tout au fond, dans un endroit sinistre où je n’avais vraiment rien à faire. Deuxième étape couronnée de succès, en escaladant les quais pour cargo sur les pneus crados qui servent de défenses. Ma belle chemise Lacoste en a gardé des traces sinistres.

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Lorsque j’ai fini par trouver les autoritĂ©s portuaires (superbe bâtiment neuf), j’ai appris que je n’avais rien Ă  y faire, et que mon parcours Ă©tait terminĂ©. Chic, mais je ne pouvais plus ressortir du port sans refaire les dĂ©marches dans l’autre sens ! KafkaĂŻen. Je me suis donc rĂ©solu Ă  passer clandestinement la nuit au quai des pĂŞcheurs, en espĂ©rant ne dĂ©ranger personne, et avec un mĂ©chant rhume, dĂ» sans doute aux allĂ©es et venues dans ces bureaux sur-climatisĂ©s.

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Pari gagné, et nous avons même pu en profiter pour visiter la jolie ville hollandaise avec ses rues piétonnes et ses beaux magasins. Le marché central regroupe des centaines de commerçants en tous genres (beaucoup d’immigrés), et le marché flottant aux poissons est entièrement confié aux Vénézuéliens qui viennent chaque semaine vendre leur cargaison, principalement aux restaurants. C’est très pittoresque et leurs bateaux sont magnifiques, de toutes les couleurs.

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Curaçao, comme Aruba plus à l’ouest, sont aussi d’anciennes Antilles hollandaises, mais ayant un statut d’autonomie quasi-totale, sauf sans doute l’armée et diplomatie. Curaçao vit de son port, de ses services et de son industrie, alors qu’Aruba est plutôt tournée vers le tourisme, la fête, les casinos et les boites de nuit. Nous ne sommes pas sûrs d’y aller un jour.

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Donc, dès le lendemain, re-circuit administratif, annonçant notre départ pour le 16. Nouveau parcours du combattant dans ce chenal au milieu des grands navires, et à 9h30, c’était fini. Nous étions libres de repartir de ce lieu vraiment pas fait pour la plaisance, et comme le pont flottant était ouvert pour deux grands cargos, nous en avons profité immédiatement.

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Un fois dehors, la voile a repris ses droits vers l’est, contre un alizĂ© de 20-25 nĹ“uds. Bonne occasion de s’assurer que mes travaux sont efficaces. Et bien oui, pas une goutte Ă  l’intĂ©rieur. Et quelques milles plus loin, l’entrĂ©e du paradis !

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Une autre baie, très fermĂ©e, Ă  peu près aussi grande et dĂ©coupĂ©e que celle de Willemstad, moins profonde et rĂ©servĂ©e Ă  la plaisance, oĂą le mouillage est libre, gratuit et dans l’axe du vent si bien que l’éolienne est Ă  la fĂŞte ! Je n’en croyais pas mes yeux. Du coup je vais y rester un peu, et profiter de cet endroit sensationnel, curieusement frĂ©quentĂ© par de nombreux suĂ©dois, pour finir mes rinçages, mes lessives, nettoyer entièrement l’annexe, et vĂ©rifier deux ou trois autres bricoles.

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L’environnement est fait de belles villas (dont une appartient sans doute à un admirateur de Mitterrand) et d’hôtels luxueux. J’espère aussi y trouver une Wifi valable.

Oui, Curaçao tu nous as eus et bien eus, malgrĂ© une première impression bien dĂ©cevante ! La prochaine Ă©tape sera de nouveau Bonaire, avant une suite orientĂ©e par les vents pour le retour en Guadeloupe prĂ©vu Ă  mi-mai.