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Une grosse journĂ©e de mer, oui, avec le gĂ©nois encore tangonnĂ© et toujours une bonne brise de l’arriĂšre pour rejoindre San Juan, capitale de Porto Rico, vers 17h en ce lundi 1er fĂ©vrier, quatriĂšme anniversaire d’AurĂ©lien, dignement fĂȘtĂ© par tĂ©lĂ©phone. La houle de nord assez forte ne m’a pas empĂȘchĂ© de me prĂ©parer mon dernier surgelĂ© amĂ©ricain, infect comme les prĂ©cĂ©dents.

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Mais elle a surtout rendu l’entrĂ©e dans le chenal de San Juan assez spectaculaire, dans les brisants au pied du fameux Fort Del Morro et accompagnĂ© par trois grands dauphins qui restaient Ă  babord, comme pour m’aider Ă  ne pas trop serrer Ă  gauche dans ce passage dĂ©licat. Merveilleux spectacle !

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Les voiliers en escale mouillent au fond du vieux port, prĂšs de la Bay Marina et du club nautique, en bordure de la piste du trĂšs actif aĂ©roport de la ville, devenu secondaire aprĂšs la construction du nouveau, une quinzaine de km Ă  l’est.

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Porto Rico est Ă  peine plus grand que la Corse mais est presque vingt fois plus peuplĂ©e. C’est une des iles les plus denses du monde avec plus quatre millions d’habitants. Et cela se voit immĂ©diatement en dĂ©barquant. Les flots de voitures circulent dans des avenues et boulevards gĂ©ants au milieu des gratte-ciels, bĂątiments officiels ou hĂŽtels de luxe trĂšs nombreux et souvent disparates.

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Ce qui est frappant aussi, c’est la quantitĂ© de monuments mĂ©moriaux ou Ă  la gloire de telle ou telle organisation, service public ou personnalitĂ© locale ou internationale. Par exemple un obĂ©lisque et deux grandes stĂšles noires rendent hommage Ă  la police de Porto Rico. Il y a aussi un beau et grand monument en mĂ©moire de l’holocauste. Tous les prĂ©sidents US ont leur statue en bronze grandeur nature le long de l’avenue de la constitution
..etc.

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Mais c’est surtout la vieille ville « Viejo (old) San Ruan », son quartier historique, qui est magnifique. Toutes les fortifications, du Fort Del Morro Ă  l’ouest, au Castillo de San Cristobal Ă  l’est, ont Ă©tĂ© restaurĂ©es et sont intĂ©grĂ©es dans un parc national fĂ©dĂ©ral. Leur Ă©tat est parfait, les planches historiques expliquent en anglais et en espagnol la chronologie de leur construction depuis 1506 ainsi que leur dĂ©fense victorieuse contre les anglais, les hollandais et les français pendant quatre siĂšcles, jusqu’à la dĂ©faite finale de l’empire espagnol contre les USA 1898. J’ajoute que la visite est aisĂ©e, parfaitement balisĂ©e, et que les grands espaces engazonnĂ©s qui les entourent rendent l’ensemble grandiose.

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Dans cette presqu’ile historique, les beaux immeubles coloniaux sont bien entretenus ou restaurĂ©s, et les musĂ©es ou Ă©glises pullulent, mais sont d’inĂ©gale valeur. Beaucoup sont d’ailleurs en travaux et fermĂ©s comme l’église San JosĂ© ou le musĂ©e Pablo Casals. Je croyais Ă  tort qu’il Ă©tait argentin aprĂšs avoir fui le rĂ©gime franquiste dans les annĂ©es 50. Il a vĂ©cu Ă  partir de 1956 puis est mort en 1973 Ă  San Juan de Porto Rico, pays d’origine de sa mĂšre et de sa derniĂšre femme.

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L’immense musĂ©e « Las AmĂ©ricanas Â» est surtout un bĂątiment moderne en forme de cour carrĂ©e, mais il est encore presque vide, et les piĂšces exposĂ©es sont pratiquement toutes des rĂ©pliques rĂ©centes d’outils, d’objets, d’armes, reconstituĂ©es d’aprĂšs les Ă©tudes des spĂ©cialistes ou historiens : c’est un peu dĂ©cevant, d’autant plus que toutes les planches sont rĂ©digĂ©es seulement en espagnol. A l’extĂ©rieur, une grande esplanade moderne, constituĂ©e autour d’une colonne sensĂ©e reprĂ©senter toutes les civilisations qui ont contribuĂ© au creuset de Porto Rico, Ă  Ă©tĂ© inaugurĂ©e en 1992 pour la fĂȘte du cinqcentenaire (comparĂ© au bicentenaire, cela a de la gueule) de cette ex-colonie espagnole.

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Sur le plan pratique, les taxis sont rares et il n’y a pas de transports en commun fiable dans cette grande ville. J’étais donc bien content d’utiliser mon petit vĂ©lo mais c’est la bagnole qui est reine ici. Il faut dire qu’au prix oĂč est l’essence ont croit rĂȘver : 0,52 cents le litre soit moins d’un demi €. Et le prix d’entrĂ©e dans les parcs nationaux ou musĂ©es est aussi trĂšs raisonnable.

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Revenant de mes longues demi-journĂ©es de visite, j’ai saluĂ© l’équipage d’un voilier français, le premier rencontrĂ© depuis St Martin. Il s’appelle Winchris (car ils prennent les ris avec les winches ? non, il parait que lĂ  n’est pas l’origine de ce nom) immatriculĂ© Ă  Paimpol. Des bretons donc, Pascal et Claudine, fiers de l’ĂȘtre, qui aprĂšs avoir Ă©tĂ© salariĂ©s quelques annĂ©es ont montĂ© une affaire qui a tellement bien marchĂ© qu’ils l’ont revendue au prix fort et profitent maintenant de leur bateau l’esprit tranquille. Leur contact est trĂšs agrĂ©able et nous resterons sĂ»rement en relation, avec en particulier le souvenir de la famille « TITGOUTTE Â» qui a trois filles : Anne, Corine, et je vous laisse devinez le prĂ©nom de la troisiĂšme, j’étais mort de rire, sans pour autant avoir trop bu.

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Et reprenant la mer vers l’ouest ce jeudi, avant plusieurs jours de pĂ©tole annoncĂ©e, je visais Punta Cana en RĂ©publique Dominicaine oĂč une nouvelle marina a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e, permettant de faire les formalitĂ©s dans de bonnes conditions. LĂ  encore une grosse journĂ©e de mer qui me faisait dĂ©cider de lever l’ancre Ă  7h au plus tard pour arriver au lever du jour le lendemain matin.

Patatras, impossible de relever mon ancre, bloquĂ©e par dix mĂštres de fond. Je me voyais mal plonger pour la dĂ©gager dans la vase noire et l’eau grise de ce bassin. Finalement en tournant autour avec le moteur et en tirant Ă  l’envers en marche arriĂšre, elle s’est dĂ©crochĂ©e et a acceptĂ© de remonter, la chaine brĂȘlĂ©e dans de grands sacs en plastique dĂ©goutants et l’ancre tirant un Ă©norme paquet d’amarres vaseuses emmĂȘlĂ©es. Heureusement Pascal a vu mon embarras et m’a donnĂ© le bon petit coup de main (pas la TITGOUTTE !) qui m’a permis de me libĂ©rer.

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Avec plus d’une heure de retard, j’ai gagnĂ© le large mais sans revoir mes dauphins. La mer Ă©tait forte et croisĂ©e ce qui la rendait inconfortable et le vent habituel Ă©tait bien lĂ  pour commencer la cavalcade dans l’alizĂ©. Si bien que je me voyais arriver avant le lever du soleil. J’ai donc ralenti en rĂ©duisant la voilure. Mauvaise pioche, le vent a bientĂŽt beaucoup molli et surtout a tournĂ© au nord-ouest ce qui n’était pas du tout prĂ©vu. Je l’avais donc dans le nez, faible, avec toujours cette grosse houle de nord.

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AprĂšs une heure d’hĂ©sitation et de louvoyage quasiment improductif, au lever du jour, j’ai mis le cap au sud, renonçant Ă  Punta Cana au profit de La Romana, ce qui m’obligeait Ă  faire le tour de l’üle de Saona et rajoutait environ 60 milles au parcours. Tout Ă  fait jouable, mais pour arriver de jour, il fallait du vent. Et c’est lĂ  que les choses se sont gĂątĂ©es, car la pĂ©tole annoncĂ©e pour la nuit suivante s’est installĂ©e progressivement en fin de matinĂ©e. Je me serais cru en MĂ©diterranĂ©e. Je n’avais plus le choix, il m’a fallu utiliser la risĂ©e Volvo ce que je n’avais plus fait depuis longtemps. Heureusement, une fois Ă  l’abri de la houle de nord, le confort est revenu.

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J’ai quand mĂȘme eu la chance de voir, de loin hĂ©las, un ballet de baleines qui sautaient hors de l’eau, faisant d’énormes ploufs en retombant. Elles Ă©taient au moins cinq en deux groupes.

Je suis arrivĂ©, certes de jour, mais aprĂšs la fermeture des bureaux de douane et d’immigration. Un officiel galonnĂ© m’a signifiĂ© que je devais lui laisser mes papiers, qu’il viendrait me chercher le lendemain Ă  9h pour aller au bureau en ville, que je devais me mettre au mouillage plutĂŽt qu’à quai, et qu’en attendant j’avais interdiction de dĂ©barquer. Me voilĂ  consignĂ© Ă  bord sans mes papiers !

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Le mĂȘme officiel m’attend dĂšs mon arrivĂ©e Ă  8h45. TrĂšs sympa et dĂ©tendu il m’annonce que les autoritĂ©s sont en route et ne vont pas tarder. En attendant il me fait le dĂ©compte de la facture que j’aurai Ă  payer, longue comme un jour sans pain, et le chiffre en bas Ă  droite s’élĂšve Ă  202. Malheureusement il s’agit de $ et pas de pesos. Le point positif est qu’apparemment ce n’est pas nĂ©gociable et qu’il n’y Ă  lĂ  dedans aucune magouille ni backchich comme le laissent entendre certains guides ou plaisanciers arnaquĂ©s par le passĂ©.

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Une heure et demie plus tard, les papiers sont remplis et je peux circuler librement dans le pays Ă  pied, mais seulement jusqu’à Boca Chica Ă  la voile, sans quitter les eaux territoriales. Prudence des autoritĂ©s aprĂšs le coup que leur ont fait les deux pilotes barbouzes français qui ne savaient pas qu’ils transportaient 900 kg de cocaĂŻne dans leur Falcon ? Peut-ĂȘtre.

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Une petite balade Ă  pied dans cette superbe marina a Ă©tĂ© interrompue par l’imminence d’une grosse averse. Elle m‘a quand mĂȘme permis de trouver une bouche Ă  pesos et de voir qu’il y avait un magnifique super marchĂ© Ă  proximitĂ©. Retournant Ă  mon annexe, j’ai Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par un officier de l’Armada qui avait oubliĂ© une inspection Ă  bord (alors qu’ils sont dĂ©jĂ  venus Ă  trois). Il revient donc avec moi et ouvre quelques Ă©quipets sans conviction avant de me faire le signe du pouce, « tout a bien Â» et il est reparti Ă  la fin de l’averse sans rien demander d’autre.

A bientĂŽt pour la suite en RĂ©p Dom oĂč je serai devenu un « habituĂ© Â» dans quelques jours. Mais il faudrait que je travaille mon espagnol dont le niveau est voisin de ZĂ©ro.