Grenadiens à nous
Par dartag le dimanche 15 février 2015, 00:00 - 2014-2015 Deuxième hiver aux Antilles - Lien permanent
Quittant les fameuses Tobagos Cays, qui étaient « a priori » un peu le « clou » de ce voyage, notre capacité d’admiration demandait à être re-stimulée dès que possible.
Cela n’a pas tardé : l’escale suivante prévue est Union. Cette petite île de 7 kilomètres carrés a compté jusqu’à 7000 habitants au temps de sa mise en valeur par des colons anglais puis écossais. Elle fût quasiment abandonnée à la fin du XIXème siècle avant de reprendre vie à la fin des années soixante sous l’impulsion d’ un béké martiniquais, André Beaufrand. Il acquit quelques arpents de terre marécageuse à l’est de l’île.
Il avait pressenti l’attrait du site de Clifton et de l’île voisine de Palm Island pour y créer une activité nautique et touristique. Il construisit un petit aérodrome au bord du lagon réunissant les conditions d’un nouveau développement. Union compte aujourd’hui 2000 habitants et reçoit chaque année des milliers de plaisanciers et de plongeurs.
Nous aussi avons nagé et plongé dans ce lagon au milieu des montagnes – parfois malodorantes - de coquilles des lantis que les pêcheurs ont proposés à leurs clients, et qu’ils entassent pour former les fondations de ces modestes restaurants posés sur le récif.
Et nous avons aussi parcouru ses rues et ses chemins, égayés par les couleurs vives des peintures des maisons et des commerces, et par les fières jeunes filles animant leurs échoppes ainsi que les écoliers en uniforme rentrant à la maison.
Ayant rempli nos formalités de sortie des Grenadines de Saint Vincent, nous avons fait un petit crochet de quelques milles vers deux autres petites îles :
- Petit Saint Vincent, quasiment déserte jusque tout récemment,achetée par un riche américain est désormais le siège d’un hôtel de luxe construit en plusieurs bungalows et restaurants discrets, sur une grande plage blanche…..
….et Petite Martinique, à moins d’un demi mille, qui se préparait pour la fête nationale de Grenade (dont elle dépend) et dont les habitants jouissent d’une réputation d’accueil et d’authenticité dépassant ses frontières.
Au mouillage entre les deux, abrités par un grand récif, nous les avons visitées et profité de la vue superbe qu’elles offrent l’une sur l’autre.
Les formalités de douanes et d’immigration dans les Grenadines de Grenade sont possible dans l’île suivante, elle aussi entourée de corail, qui nous tendait les bras : Cariacou et son petit bourg dénommé Hillsborough.
Ses 30 km² et ses 7000 habitants en font la plus grande et la plus peuplée des grenadines. Au départ, colonisée par des pêcheurs de tortues et des cultivateurs français, il en reste quelques constructions, moulins, habitations du XVIIIème siècle. Mais la population actuelle descend essentiellement des anciens esclaves des plantations.
En ce vendredi 6 février, elle donnait l’impression d’être une île morte. La fête nationale de l’Etat de Grenade s’étend sur trois jours et tous les commerces et administrations sont fermés. Heureusement nous n’avions besoin de rien et les formalités peuvent attendre.
Nous avons donc rejoint pour le week-end, un petit mouillage à l’abri d’une île de sable de la même baie, Sandy Island, rapidement imités par d’autres plaisanciers dans une ambiance très hétéroclite et internationale. Le compresseur de plongée des danois faisait un peu de bruit et les chiens des allemands aussi, mais c’était un tel endroit de rêve que nous avons préféré rester. Comme à Petit Saint Vincent, le sable est tellement beau que nous en avons prélevé un échantillon.
Et lundi matin, au réveil, départ pour Tyrell Bay à trois milles, dernière escale à Cariacou, connue surtout pour ses facilités techniques, atelier de soudure, shipchandler et chantier spécialisé pour la plaisance.
Nous y avons trouvé un bureau d’immigration et de douane, du carburant détaxé, une borne Wifi excellente et un petit restaurant sous les tonnelles qui nous a offert des hamburgers et des frites parfaites, les premières depuis bien longtemps. Pour le reste c’est plutôt tristounet.
Nous étions donc prêts pour affronter une traversée inhabituellement longue en ces temps de grenadines, soit une trentaine de milles jusqu’à Saint Georges, capitale de Grenade.
Première surprise, en arrivant, une frégate de la marine Française nous y avait précédés, faisant flotter son magnifique pavillon tricolore dans l’alizé, à l’abri du fort Georges.
Deuxième surprise, le mouillage de grande baie devant la ville est très accueillant.
Troisième surprise, le lagon a été considérablement aménagé, avec ouverture d’une nouvelle grande passe et construction d’une énorme marina Camper et Nicholson, celle du célèbre Grenada Yacht Club faisant maintenant un peu pâle figure……………..
La suite au prochain numéro qui sera consacré à cette grande île dont l’histoire et celle de ses habitants, les grenadiens, est longue et souvent troublée si ce n’est trouble, mais où la paix semble désormais établie durablement.