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Certes, les concurrents du « Rhum Â» (pour les non initiés, abrégé du nom de la course à la voile en solitaire appelée « Route du Rhum - Destination Guadeloupe ») ont de très beaux bateaux, rutilants, rapides et pleins de couleurs. Mais ils arrivent très espacés pendant des semaines, les grands plutôt avant les petits, de jour comme de nuit, entre le 9 novembre pour le premier, et le 7 décembre date de fermeture de la ligne d’arrivée.

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L’organisation diffuse, sur son site Internet et à terre, les positions de chacun et annonce à l’avance les prochaines arrivées. Cela permet aux supporters, aux amis, aux familles d’aller à leur devant sur des bateaux de plaisance, ou loués pour l’occasion, pour les accompagner dans les derniers milles, jusqu’à la darse en plein centre de Pointe à Pitre où les attendent le public ainsi que les médias locaux et nationaux, dans une ambiance de fête, avec musique, lumières et feux d’artifice.

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Ils gagnent ensuite la marina où de nombreux pontons leurs sont réservés, après que les plaisanciers en escale aient été priés d’aller voir ailleurs. La population profite de cette animation en se rendant en masse et par groupes entiers sur les quais pour admirer les héros et leurs bateaux, surtout s’ils sont locaux.

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Evidemment, cette affluence attire aussi des « indélicats Â» qui, par exemple, ont trouvé mon mini vélo pliant à leur goût et s’en sont emparés une nuit, en forçant l’antivol. La plainte déposée au commissariat central ne me laisse pas beaucoup d’espoir de le retrouver, d’autant plus que les caméras de surveillance de la capitainerie ne voient pas grand-chose dans la nuit noire, surtout si la couleur de peau des délinquants l’est aussi, comme me l’a fait malicieusement remarquer le policier qui a recueilli ma déposition. On verra bien.

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Ce spectacle, vu depuis Dartag au mouillage dans l’avant port ou depuis les pontons, n’empêche pas de continuer à fignoler la remise en état et le nettoyage de Dartag, de naviguer quelques jours et surtout d’accueillir Marie-France débarquée de l’avion d’Air France le 3 décembre.

Une place s’étant libérée sur un ponton, nous avons même pu faire les pleins des réservoirs et de la cambuse de manière plus pratique qu’avec l’annexe.

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Progressivement les bateaux des concurrents repartent, soit à la voile avec un équipage de copains, soit par cargo après avoir été démâtés et désarmés, la fête se calme, rendant aux plaisanciers les pontons neutralisés.

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Sans nous presser et après avoir festoyé avec quelques amis, nous avons repris la mer pour une première escale à Marie-Galante où nous attendaient Caroline et Paulo. Ils ont repris depuis quelques mois la gérance du restaurant le plus connu des plaisanciers, sur la plage de Saint Louis, qui s’appelle « La Baleine Rouge ».Elle est la fille d’amis d’enfance de Hyères, avec qui nous avons, encore récemment, passé de bons moments. Le monde est vraiment petit.

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Outre une excellente soirée, et un succulent déjeuner le lendemain, nous avons profité de leur borne Wifi ce qui est toujours un plus lorsque l’on est en bateau. Nous les reverrons sans doute à notre prochain passage en Guadeloupe.

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Et nous avons appareillé avant le lever du soleil le matin suivant, 13 décembre, en direction d’Antigua. L’option choisie était de passer d’abord entre la Pointe des Châteaux et La Désirade avant de longer la côte de grande terre. Mauvaise pioche, car la direction du vent, favorable pour la première partie, s’est ensuite orientée au sud-est en faiblissant. De plus, la houle d’est, assez forte, frappait sur les falaises et repartait loin au large donnant une mer hachée et désagréable. Finalement nous sommes arrivés à English Harbour juste après le coucher du soleil en faisant les trois derniers milles au moteur. Le mouillage était plein de beaux voiliers plutôt chics, mais il y avait encore de la place et nous avons trouvé la nôtre facilement, avec vue sur le volcan de Montserrat toujours menaçant.

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Lors de nos visites, le lendemain, à pied et en Zodiac, nous avons constaté que la saison avait bien démarré. Par rapport à mon précédent passage, où la plupart des quais étaient vides, ils sont maintenant peuplés de yachts de luxe à voile et à moteur d’une longueur moyenne d’environ 30 mètres, et leurs équipages professionnels en uniforme attendent de pied ferme les propriétaires et leurs invités qui viendront s’encanailler pour les fêtes de fin d’année, en les briquant comme de la vaisselle précieuse. Comme partout leurs pavillons sont majoritairement ornés de l’Union Jack, sur fond rouge pour les plus courants, avec ou sans blason, fond bleu pour les plus huppés, font blanc pour les super chics. Il y a aussi quelques américains ou hollandais (les bataves, pas les groupies de notre président !), mais zéro français. La France n’aiment pas les riches !

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Par endroit, dans le fond de ce « trou à cyclones Â» on trouve aussi quelques bateaux abandonnés ou misérables, parfois coulés, comme partout dans les Antilles. La pression des riverains, propriétaires des luxueuses villas à 2,5 millions de $ installées tout autour du plan d’eau, doit être forte pour les faire enlever, pour le moment apparemment sans succès.

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La baignade devant la plage de sable et roches mélangées était moins agréable qu’attendu et l’eau un peu laiteuse ne permettait pas de voir à plus de quelques mètres. Alors que les tortues semblaient pourtant l’apprécier, nous avons décidé de poursuivre notre route en contournant l’île par l’est, très prometteur avec ses grandes baies protégées par des barrières de corail.

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La première est Nonsuch Bay à l‘abri de Green Island, deux milles d’est en ouest, un mille du nord au sud, découpée de criques intérieures et constellée de cayes et patates de corail. Un décor de rêve pour quelques yachts ou dériveurs venus des complexes hôteliers ou luxueuses villas discrètement installés deci-dela avec leurs quais privés.

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La seconde est Nord Sound, protégée par Guiana Island et une floraison de petits îlots calcaires couverts de végétation. La barrière de corail est très large et complexe, la cartographie des lieux imprécise. Au point que des passes répertoriées sur une carte ne le sont pas sur d’autres, laissant le capitaine perplexe sur la possibilité d’accéder à l’intérieur.

Un premier essai se solde par un échec, après avoir par deux fois tutoyé les patates de corail, malgré la vigilance de Marie-France, installée dans le balcon avant. C’est dur le corail, et la quille en plomb y a laissé quelques copeaux malgré l’extrême lenteur de la progression sans compter l’émotion ressentie par l’équipage.

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Une deuxième tentative un peu plus au nord a réussi, sans rien toucher, et la trace du passage est conservée soigneusement sur l’écran du GPS pour pouvoir s’y référer le moment venu.

Une fois à l’intérieur, une infinité de mouillages est possible et ce ne sont pas les voisins qui vont nous gêner. Le premier est à plus d’un kilomètre et la nuit les illuminations des installations côtières paraissent lointaines, ainsi que l’aéroport tout au fond de la baie.

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Les plongées masque et tuba, et balades en Zodiac autour de ces îlots et cayes, dans une eau très calme, fréquentée par des raies et des tortues débonnaires, dont les fonds varient de zéro à 15 mètres, sont des merveilles. Nous avons un peu l’impression d’être seuls au monde. On en viendrait presque à se dire que la présence d’autres voiliers à proximité nous manque. En tout cas, les rares présents n’oublient pas leur feu de mouillage la nuit, car, de temps en temps, un petit bateau à moteur, peut-être des pêcheurs, traverse le plan d’eau à trente nœuds, et on se demande où il peut bien aller en étant si pressé.

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Nous avions ensuite une petite hésitation à cingler jusqu’à Barbuda présentée de manière pas très flatteuse pas notre guide. Nous n’avons pas regretté notre visite. Jamais nous n’avions vu de telles plages, une telle quiétude et de telles couleurs de carte postale tropicale. Un rêve dans lequel nous avons passé deux jours à nager, plonger, marcher dans une nature à l’état pur et très peu fréquentée.

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Nous sommes maintenant revenus à la civilisation, à Saint Barthélemy, dont le port de Gustavia et la baie sont saturés d’énormes Yachts d’un luxe inouï. On se demande comment il peut y en voir autant sur la planète. Le mouillage extérieur est assez rouleur et agité de sillages en permanence. Néanmoins c’est une escale agréable et nous dégustons depuis deux jours la grosse dorade coryphène que nous avons pêchée sur le trajet. Enfin une belle prise après les deux carangues de la veille que nous avons du rejeter en raison des risques de ciguaterra.

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Nous y resterons jusqu’à Noël puis nous reprendrons la mer vers Saint Martin où nous passerons sans doute la fin de l’année avant les îles Vierges. Chienne de vie !

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En attendant nous vous envoyons dès maintenant tous nos vœux de joyeux Noël et de bonne année 2015 avec un clin d’œil tropical.

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