Pas mal d’eau a coulé sous le pont de Dartag depuis le billet précédent.

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Il nous a fallu rejoindre sans mât, donc au moteur, le lieu choisi pour la réparation, passant sous le vent des îles situées sur le parcours. Le meilleur chantier des Caraïbes présentait toute garantie de compétence et d’outillage et pour cela nous avons rallié Sint Maarten 150 milles au nord.

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Cela nous a donné l’occasion de pêcher deux superbes poissons. Jules, mon jeune équipier de circonstance en était tout heureux, mais nous ne pouvions en manger une telle quantité, donc les voisins à l’arrivée, et la guinguette sur le quai, étaient bien contents de profiter des quelques kilos de thazard péché la veille qui nous restaient.

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Malgré notre programme d’enfer, nous avons pris le temps de quelques visites dans cette île franco-hollandaise dont l’ambiance générale est un peu « tiers-monde ». L’économie du tourisme et de la plaisance sont très développées et les affaires sont les affaires, y compris dans les trafics en tout genre. Les contrastes entre luxe et misère sont frappants et lors des deux épisodes pluvieux assez sévères que nous y avons vécus, les rues en pentes sont transformées en torrents qui arrachent le maigre bitume et inondent les quasi-bidonvilles riverains. De même, les traces laissées par le cyclone Gonzalo du 11 octobre sont encore bien visibles, particulièrement si l’on considère le nombre de bateaux, coulés, démâtés, échoués, écrabouillés, que l’on voit partout dans le lagon et sur les plages extérieures. Impressionnant !

Les travaux ont été rondement menés et en moins d’une semaine presque tout était fait.

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Deux jours de déballage du mât et de tous ses accessoires, assemblages des deux tronçons, passage des drisses et manœuvres, câblage des feux et de ‘électronique, équipement au sol de tous les aériens et antennes.

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Une journée pour poser le mât à sa place et le fixer, puis deux journées pour fabriquer les passages de câbles, raccorder tous les fils sous le pont et regréer l’ensemble du gréement courant (cordages nécessaires au hissage et réglages des voiles, bôme et tangon), en attendant l’arrivée des voiles provisoires, en fait les premières voiles de Dartag qui n’avaient navigué qu’une saison et ont été expédiées de métropole.

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Après une nouvelle semaine d’attente, les deux sacs sont enfin arrivés, et le soir même après quelques coûteuses formalités, nous pouvions sortir du lagon pour une première nuit au mouillage de Simpson Bay. Un grand carénage était nécessaire car les organismes du lagon avaient bien proliféré pendant cette immobilité au point qu’il était impossible de naviguer en l’état. Une première séance d’une heure puis une deuxième le lendemain matin ont permis d’envisager une courte étape jusqu’à St Barth, cueillis par un violent grain dès le départ, mais bien agréable ensuite.

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Après quelque petits ajustements, nécessaires avec un gréement neuf, une étape plus longue et une nuit en mer, en louvoyant dans un bel alizé maniable, nous a menés à Antigua, plus précisément Falmouth Harbour, juste voisin d’English Harbour.

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Elle nous a permis de vérifier le fonctionnement de tous les équipements et l’électronique de Dartag fraîchement installés. Seule l’antenne de TV n’a rien voulu savoir. Tout le reste était parfait et en particulier le radar, si utile pour la navigation en solitaire.

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Antigua est un concentré de vieille Angleterre avec ses gazons, des cabines téléphoniques rouges, ses bâtiments en briques, et le côté calme et luxueux de ses mouillages de la côte sud. La population essentiellement descendant des esclaves de l’époque coloniale a obtenu son indépendance en 1981 et met en valeur les atouts essentiellement touristiques de son île, en développant les infrastructures nécessaires, tournées vers le luxe : golf, marinas haut de gamme, aéroport international indispensable pour attirer les croisiéristes, au point qu’elle commence à inquiéter ses voisines, le marché du tourisme n’étant pas illimité.

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En revanche, elle tirerait un certain bénéfice à simplifier les formalités d’accueil des plaisanciers. Me présentant avec tous mes papiers et ceux de Dartag, il ne m’a pas fallu moins de ¾ d’heure pour les accomplir, alors que j’étais seul aux guichets. Après avoir enregistré mon arrivée sur un écran, avec l’aide d’un charmant douanier, trois organismes, situés dans le même superbe bâtiment ancien, en briques et climatisé, remplissent des multitudes de papiers, reçus, clearances, (souvent identiques et issus de l’enregistrement informatique initial) dans une sorte de ballet parfaitement réglé en trois actes et huit tableaux, pour passer successivement deux fois devant chaque fonctionnaire et pour l’un d’entre eux, trois fois. Les tampons et signatures, en couleurs probablement réglementaires, sur tous ces documents sont plutôt jolis. Finalement, après avoir payé 30 $ US, je considère que ce n’est pas exagéré pour payer tout ce monde, par contre la productivité reste perfectible ! Je n’ose pas penser au temps que cela aurait pris si nous avions été un équipage de six personnes en pleine saison avec trois autres plaisanciers devant nous dans la file d’attente.

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Reprenant la mer le lendemain, avec une belle brise d’est, nous avons rejoint la Guadeloupe dans un beau rush direct jusqu’à Deshaies toujours aussi accueillante, où les formalités ont été réglées en cinq minutes sur un écran dédié installé chez une commerçante du bord de mer, à la fois très souriante, aimable et délicieusement agréable à regarder.

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La côte sous le vent est souvent déventée, mais cette fois, c’est avec un petit vent d’ouest, cherchez l’erreur, que nous avons fait pénardement la majeure partie du parcours vers les Saintes, où nous sommes arrivés par nuit noire pour nous installer dans le mouillage du pain de sucre. Bien qu’un peu rouleur, comme les autres mouillages de ce petit archipel, il a l’avantage de bénéficier d’un hotspot Wifi fourni pas l’hôtel Bois Joli. Un plus dont nous profiterons largement pendant nos 36 heures d’escale, comme du coq qui n’a pratiquement pas cessé de chanter à pleins poumons pendant tout ce temps. Quelle santé !

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Enfin nous avons regagné Pointe à Pitre dont la marina bondée accueille l’arrivée de la Route du Rhum. C’est un évènement considérable qui se produit tous les quatre ans et attire la population en rangs serrés et les scolaires en groupes compacts autour des héros de l’atlantique arrivant de métropole épuisés, bronzés et souriants dans leurs voiliers rutilants.

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Plusieurs étaient déjà arrivés, en particulier tous les grands multicoques, mais j’ai eu le plaisir d’aller en mer, de nuit, accueillir un navigateur avec qui j’avais un peu discuté lors de son passage en Guadeloupe en mars dernier, alors qu’il recherchait des partenaires. Il s’appelle Alessandro di Benedetto, sur « Team Plastique », il est franco-italien et tout à fait charmant. Spectacle superbe éclairé pas les fusées et projecteurs de la darse animée par les orchestres locaux.

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Les autres concurrents encore en course vont ‘échelonner sur encore plusieurs semaines, jusqu’à la fermeture de la fête prévue le 7 décembre. Tous sont accueillis avec ferveur et de nombreux bateaux accompagnateurs, de jour comme de nuit, dans une ambiance sonore assez élevée. Nous aurons probablement l’occasion d’y revenir dans le prochain billet.