Péninsule de Valdès

La baie qui donne accès à Puerto Madryn est immense. Dans le fond, la ville moderne est essentiellement industrielle et son activité tournée vers l'extraction minière notamment d'aluminium et quelques industries connexes. Elle fut fondée en 1865 par les survivants d'une centaine de colons gallois après un voyage éprouvant de plus de deux mois. Ils enterrèrent leurs morts sur la plage et leur première construction fut une église.

cimetière de chalutiers

La chasse à la baleine, longtemps pratiquée, a disparu et les nombreuses épaves de navires abandonnés à leur triste sort en témoigne. Les migrations de mammifères marins sont maintenant protégées et la baleine franche revient périodiquement dans cet espace pour s'y accoupler et mettre bas. En été, elles repartent dans les hautes lattitudes pour se nourrir et ne reviendront que l'hiver prochain.

squelette de baleine franche

Le musée installé dans l'isthme montre le squelette d'un de ces puissants animaux, et présente les autres espèces qui peuplent cet univers marin sauvegardé.

Pampa à perte de vue

Mais avant de les voir dans leur élément, nous allons traverser la pampa sur des dizaines de kilomètres. Cette péninsule grande comme la moitié de la Corse est un vaste plateau sédimentaire, effondré par endroits, donnant ainsi naissance à des dépressions salines. On y trouve de nombreux fossiles de dinosaures. L'essentiel de la surface est divisée en Estancias, ces fermes d'élevage extensif dont la surface se mesure en dizaine de milliers d'hectares: 100 000 est une moyenne dans lesquels cohabitent les troupeaux de moutons et les animaux sauvages locaux plus ou moins protégés.

Guanacos à l'abreuvoir

Les guanacos, variété des plaines du lama des Andes, entrent parfois en conflit avec les éleveurs lorsqu'ils viennent boire l'eau des citernes remplies à grand frais pour les moutons. L'administration donne alors l'autorisation de les tirer à vue.

nandou

On trouve aussi des nandous qui sont de petites autruches, beaucoup plus difficiles à voir, et des sortes de lièvres à grandes pattes ainsi que d'autres rongeurs plus petits. En dehors du renard, il n'y a pas de carnassier prédateur. Le puma d'Amérique du sud a totalement disparu de la pampa.

Buissons à Nandus

Tous se nourissent de la maigre végétation formée de buissons à feuilles épaisses et parfois d'épines, qui se contente des faibles pluies de ces étendues arrides et ventées, où les températures sont extrêmes. Lors de notre visite un vent violent du nord donnait une température de 36°, et peu de chapeaux sont restés sur les têtes de leurs propriétaires.

manchot de patagonie devant son terrier

Dès que l'on arrive sur la côte est, on découvre un paysage d'une sauvagerie inouïe, dans lequel les pingouins de Magellan sont parfaitement à leur aise. Ils creusent leur terrier dans le grès meuble des falaises et profitent des bancs de sables mouvants crées par les courants et les tempêtes pour se nourrir à l'abri de leurs prédateurs.

pingoins au bain

Ils s'ébattent joyeusement dans l'eau froide et s'approchent sans crainte des spectateurs parqués dans les clôtures qui protègent le parc naturel des excès de la présence humaine.

lion de mer et son harem

Plus loin, sur des promontoirs rocheux, vivent les colonies de lions de mer, formées d'un mâle dominant et de son harem de femelles, beaucoup plus petites, qui élèvent les jeunes nés au printemps.

curée sur un petit écrasé

Parfois des rivaux tentent de s'approcher des femelles. Après quelques intimidations sonores, ils s'enfuient la plupart du temps bredouilles. Mais parfois des affrontement plus sévères peuvent entrainer la mort de petits, écrasés par les adultes qui se battent. Les mouettes n'attendent que cela pour ce nourrir, et le cadavre disparait en quelques minutes, ne laissant qu'une mare de sang sur les rochers.

la ville et son mouillage inconfortable

A notre retour à bord, après cette longue excursion ventée et poussiéreuse, le vent avait tourné au sud, tout aussi fort. Il a fallu attendre une accalmie pendant plus d'une heure avant que le capitaine, très prudent et seul maître à bord après Dieu, ne puisse décider d'appareiller. La puissance des propulseurs n'aurait pas permis de se décoller du quai en sécurité. Cela nous a donné l'occasion de voir la ville de loin et les quelques voiliers au mouillage devant les plages nous ont semblés dans une position très inconfortable. Si nous revenons un jour à la voile dans cette région, il faudra trouver mieux pour y faire un séjour tranquille.