A l'approche de la capitale de l'Uruguay, on croit voir une ville dont les bâtiments imposants traduisent la grandeur. Mais en entrant dans le port, l'impression change, d'abord à la vue d'un cimetière de bateaux de pêche à moitié coulés dans la vase des hauts fonds.

flotte désarmée à l'abandon

Ensuite le dragage du chenal n'est peut-être pas tout à fait suffisant, au point de faire racler le fond par les puissantes hélices du Celebrity Infinity.

ça racle le fond

On passe alors devant la flotte militaire du pays rassemblée à Montevideo, et arborant fièrement la bannière nationale d'azur et de soleil.

pavillon de l'Uruguay

Puis on prend rapidement conscience d'une des richesse du pays qui vient de ses exportations de céréales, en découvrant un vraquier japonnais embarquant ses 100 000 tonnes de blé et de maïs.

vraquier japonais

Ancienne colonie espagnole, un peu abandonnée car ne possédant ni or ni argent, elle gagne son indépendance grâce à José Gervasio Artigas entre 1811 et 1828 malgré les tentatives des anglais et des portuguais de s'y imposer, puis une guerre entre Argentine et Brésil qui tentaient de la conquérir.

fondateur du pays

Suit alors une longue période d'affrontements internes, révolutions et guerres civiles plus ou moins larvées (Giuseppe Garibaldi s'y illustra dès 1843) , qui n'empêchent pas l'émergence d'une économie fondée sur l'agriculture et l'élevage des bovins et ovins, développée par des pionniers à la gloire de qui sont élevés de nombreux monuments et sculptures dans les grands parcs de la ville.

à la gloire des pionniers

La première moitié du XXème siècle est marquée par l'avènement d'une vraie démocratie, et d'une grande prospérité sous le modèle d'un état providence original à l'époque. De grands et luxueux bâtiments institutionnels sont construits pendant cette période.

maison des parlements

La puissance de l'Uruguay est alors symbolisée alors par le commandement des forces navales construit sur le port de Montevideo.

Amirauté

Et sur la place de l'indépendance, au centre de la ville historique, s'élève l'élégant Palazzio Salvo, longtemps plus haut bâtiment d'Amérique du sud.

place de l'indépendance

Combinée avec une législation fiscale incitative pour les investisseurs internationaux, cette politique conduit à la réputation acquise par l'Uruguay de "Suisse de l’Amérique latine". En temps que "pays neutre" pendant la deuxième guerre mondiale, cette prospérité s'accroît encore, et l'épisode de la bataille navale du Rio de la Plata qui verra la destruction du cuirassé allemand Amiral Graf Spee, dont certaines pièces ont été conservées sur place, contribuera également à la notoriété de Montevideo.

relique du Graff Spee

Dans les années cinquante, la perte de marchés agricoles entraîne une grave crise économique et des violences, puis une dictature militaire de plus de dix ans. Après le retour de la démocratie et l'adhésion au MERCOSUR, très libéral, la croissance ne dure que quelques années, avant que la récession ne regagne du terrain. Cette décadence est illustrée par les nombreux immeubles abandonnés dans le centre ville.

grandeur et décadence

Le pays semble pourtant vouloir développer une activité de tourisme haut de gamme plutôt concentrée à Punta del Este qui fera l'objet de notre prochain billet, mais aussi à Montevideo, où un luxueux hôtel Sofitel et un casino viennent de s'installer après avoir entièrement réhabilité un établissement des années trente situé sur la plage au sud de la ville.

futur Sofitel

Mais il ne faudrait pas oublier que nous sommes en Amérique latine et que le football y est une passion. Malgré ses maigres 3,5 millions d'habitants, le pays obtient des résultats remarquables dans ce sport, notamment en coupe du monde où il brille souvent et qu'il a remportée à deux reprises (comme l'Argentine, plus que la France ou l'Espagne). Les allégories peintes sur le stade de Montevideo en témoignent.

le roi football