Le plaisir de la voile en Méditerranée repose énormément sur la météo. Sans contrainte de dates et sans rendez-vous impératif à respecter on peut espérer laisser le diesel au repos, et ne pas se faire trop secouer, mais il faut jouer fin. C'était un des objectif de cette mini croisière.

Au départ d'Hyères, une petite fenêtre s'est présentée le 18 août. Départ à l'aube, avant que le vent se lève, donc un petit coup de Volvo est nécessaire pour aller le chercher. Au bout d'une heure et demie, il est faible mais il est là et monte gentiment à 12-15 noeuds du sud-ouest. S'il n'y avait pas un reste de houle, ce serait vraiment nickel. Et il tient, comme l'avait prévu la météo, jusqu'au millieu de la nuit. Nous sommes alors à 23 milles à l'ouest des Sanguinaires, visant Sénétose. Il faut se rendre à l'évidence, le vent de cale sera nécessaire. Mais pour l'économiser nous optons pour une escale dans l'anse de Cacao, où nous mouillons dans la nuit noire. Heureusement, les autres voiliers présents sur place ont allumé leur feu de mouillage. Quelques heures plus tard une petite brise de sud apparait, et nous en profitons immédiatement,

Hélas, une heure après elle est morte, mais reviendra par petites bouffées. Nous l'attendrons à chaque fois autant que nécessaire, étant par moment à peine manoeuvrant. Il nous faudra plus de neuf heures pour rallier la région de Figari soit 29 milles. Record de lenteur battu. Mais le mouillage à Capinero est magnifique, et l'eau à 24,8°.

caique et kite

Après une nuit venteuse et pluvieuse, un fort vent d'est nous incite à rester un peu au mouillage. Il mollit en début d'après-midi à 15-20 noeuds, et nous repartons vers l'archipel de la Maddalena. Les bouches de Bonifacio restent un des paradis de la plaisance, et nous allons en profiter pendant quelques jours, tant du côté Sarde que du côté Corse. La fréquentation est assez modeste en cette fin de saison, sauf exception comme à Rondinara, où les pavillons italiens sont les plus nombreux avec souvent de superbes voiliers.

italiens à Rondinara

Velsheda

Les amateurs de belle plaisance peuvent se régaler en croisant des yachts magnifiques. Depuis Velshéda, un classe J de 1927 restauré et naviguant à la voile par petite brise dans les canaux de la Maddalena, ou Maltese Falcon, un "voilier" ultra moderne, presse boutons, à trois mâts et phares carrés à enrouleurs automatiques pouvant être manoeuvré par une seule personne au moyens de joy-sticks, qui sortait de Porto Cervo mais au moteur.

Maltese Falcon

Il y a aussi un véritable nuée de monstrueux motor-yachts de plus de 100 pieds, déplaçant des centaines de tonnes, naviguant à 20 ou 30 noeuds en levant une mer cahotique sur tout le plan d'eau. Lorsque la brise est légère et que l'on essaie d'en profiter, on risque à tout moment d'être pris dans une espèce de marmite du diable qui vous détourne parfois à 180° de votre cap initial. Crispant, mais c'est le jeux dans ce secteur, et il faut bien l'accepter ou ne pas y venir !

Les bouches à 8 noeuds

Nous avons cinglé vers Porto Vecchio en profitant d'une superbe brise d'ouest modérée et régulière pratiquement jusqu'à l'arrivée. Puis nous sommes repartis tranquilement vers l'ouest, en zig-zagant et profitant d'escales délicieuses comme Santa Reparata où nous n'étions pas allés depuis plusieurs années.

route des sanguinaires

Finalement, une escale à Ajaccio nous a permis de compléter la cambuse et de faire un pélerinage sur la route des Sanguinaires avec le minivélo pliant. A l'extrémité de cette route magnifique, de grands travaux sont presque terminés, dans le cadre d'une opération "grand site" destinée à mettre en valeur et à protéger ce site exceptionnel. Les voitures doivent s'arrêter dans un parking obligatoire à 800 métres du bout de la route, relayées par une navette écologique, ou une promenade à pied aménagée jusqu'au restaurant des Sanguinaires. Des milliers d'arbustres ont été plantés, chacun protégé par une petite clôture en grillage plastique bleu donnant l'impression d'un champ de lavandes à maturité. Un peu surprenant compte tenu de la faible fréquentation de cet endroit même en haute saison, mais l'avenir dira si cet investissement de 3,7 millions d'euros s'avère utile ou nuisible.

passe des sanguinaires

opération grand site

Le retour sur le continent méritait d'attendre 24 heures une fenêtre météo favorable, avant un fort coup de vent d'ouest annoncé, suivi de plusieurs jours perturbés.

Pari gagné, avec une traversée commencée dans les petits airs, puis agrémentée d'une belle brise de Sud à Sud-ouest fraichissant progressivement jusqu'à 25 noeuds en arrivant dans les iles d'Hyères.

Bilan: presque 500 milles parcourus essentiellement à la voile puisqu'il n'y pas eu besoin de plus de 14 heures de moteur au total tout compris.