Le coup de vent de NW était assez musclé à Port Leucate et la nuit fut agitée et bruyante. Mais la météo prévoyait sa fin dès le mardi soir, puis des brises légères et variables ensuite pour plusieurs jours. Il fallait donc partir dès que possible et faire un maximum de route avec le vent, avant qu'il ne tombe.

Après avoir réarmé Dartag, nous étions prêts vers midi ce mardi. Pas question d'attendre davantage. Et en avant dans la brafougne: force 7 à 8 de travers avec un soleil magnifique, cap sur Marseille en espérant y arriver sans se servir du moteur.

Une heure après le départ, nous croisons un grand Océanis, à sec de toile et au moteur, qui roulait bord sur bord dans la mer hachée et courte de ce golfe du Lion par vent de terre. Fallait-il qu'il ait cassé ses deux drisses ou autres avaries plus graves encore pour ne pas utiliser ses voiles et se faire secouer bêtement comme cela, alors qu'à la voile c'est à la fois plus confortable, plus économique et plus rapide !

Une accalmie de deux heures, en passant au large du Cap d'Agde et du golfe d'Aigues Mortes, nous a permis de dérouler toute la voilure et de croiser quelques autres voiliers, à la voile cette fois. Puis le vent est revenu, du nord mais plus maniable, force 5 à 7. Le passage de nuit devant le delta du Rhône en voyant juste les phares et les bouées du chenal est toujours agréable surtout quand on peut le faire à la voile et à 7 ou 8 noeuds.

Finalement le vent a molli progressivement vers le golfe de Fos, mais nous a quand même permis d'arriver jusqu'au Frioul vers 5h du matin dans la calmasse, et nous avons mouillé devant la ferme marine avec cinq autres voiliers dont un sloop géant d'environ 25 mètres dont le mat était tout éclairé par des projecteurs. Impossible de ne pas le voir ! Bilan, 109 milles avec 1 litre de gasoil, c'est correct et le pari était gagné.

Echoué en l'air

Au réveil, grosse surprise de voir un voilier de 7 ou 8 mètres échoué à plusieurs mètres d'altitude dans les rochers près de la buvette de Pomègues. Quel phénomène a bien pu le transporter jusque là ? Il fallait une forte mer pour faire cela, mais à cet endroit, entre l'ile et la terre, peut-il y avoir une telle houle ? Mystère. En tout cas il semblait avoir été pillé car il n'avait même plus sa bôme.

Cap Sicié

Pour arriver à Hyères, il nous a fallu encore trois jours, avec des brises de force 1 à 2, variables en direction, et des escales à La Ciotat (le chantier repris par Monaco Marine pour l'entretien des grands yachts a encore pris de l'extension, vive la crise !), un passage laborieux du Cap Sicié (avec sa station d'épuration discrète, sans odeur et sans saveur), et une nuit à Porquerolles (mouillage du Langoustier, déjà bondé début juillet).

Langoustier

Vu l'affluence au mouillage devant le port d'Hyères, la saison est bien lancée !

Hyères 10 juillet 2010

Une grande satisfaction, après ces quelques jours de mer par des conditions variées, les nouvelles voiles fabriquées par Clipper Voiles sont excellentes. Réduites ou pas, à toutes les allures, leur efficacité est épatante, et les quelques voiliers qui nous ont donné la réplique ont du se demander ce qui leur arrivait. Je me félicite d'avoir laissé à Port Leucate les vilaines voiles Elvstroëm d'origine dont nous ne devrions plus avoir besoin, sauf en secours lors d'une croisière lointaine, hélas pas à l'ordre du jour cette année.