Poros est vraiment une escale parfaite. Mouillage protégé, ville animée et dotée de toutes les ressources utiles, cadre agréable, voisinage sympathique. Il n' y a que la météo qui ne nous offre pas tout ce que nous voulions.

En effet depuis le départ de notre moussaillon, mercredi, les vents forts et contraires se sont incrustés, et alors que nous attendions une accalmie pour samedi, celle-ci n'est pas venue, si bien que nous sommes toujours au même endroit. Notre position moyenne exacte est: 37°30.225 N 023°27.186 E . Mais nous faisons quelques écarts autour de l'ancre car la profondeur du plan d'eau étant de 17 mètres, nous avons lâché 50 mètres de chaine, et nous évoluons donc dans un cercle d'évitage d'environ 80 mètres de diamètre en fonction de la direction des rafales de vent. Et tous les autres yachts autour de nous font de même, mais pas forcément de manière synchrone. Heureusement qu'il y a de la place.

devant l'école navale

Lorsque nous débarquons pour quelques courses, flâner un peu, approfondir nos visites, profiter d'une borne d'accès Wifi pour les messages et la météo sur Internet, nous choisissons soigneusement le moment pour éviter d'être trempés dans l'annexe. Si la force et la direction du vent sont trop défavorables, nous sommes, au mieux légèrement brumisés, au pire complètement trempés (n'est-ce pas Serge ?). C'est ce qui nous est arrivés ce dimanche matin en retournant à bord. Du coup cela a été l'élément déclencheur d'une lessive manuelle reprenant nos sacs à linge sales stockés depuis pas mal de temps. Marie qui avait eu des irritations sur les mains lors de l'opération précédente, avait prévu une nouvelle lessive sans additifs toxiques, et apparemment le problème est réglé. Vive Ariel ! Du coup les filières sont décorées de pièces de tissus multicolores du plus bel effet.

petite lessive

Mais ces trois derniers jours, le ciel était voilé pour ne pas dire assombri par des nuages ocres qui nous rappelaient la fumée des incendies de forêt hélas bien connues dans le midi de la France. Et il s'agissait bien de cela: d'abord un gros foyer à l'ouest d'Athènes puis samedi et dimanche un nouveau gros foyer à l'est de la capitale menaçant le village de Marathon célèbre depuis l'antiquité pour la fameuse bataille gagnée par les athéniens de Miltiade contre les perses de Darius au 5ème siècle av JC. Ces deux incendies se situent à plus de cinquante kilomètres au nord de notre mouillage, ce qui en dit long sur leur violence. Comme nous avons complètement perdu l'habitude de regarder la télévision, qui est restée dans son placard depuis trois mois, nous avons eu recours à Internet pour en savoir plus, en français, car de toute façon nous n'aurions pas compris grand'chose aux informations locales.

génois en guenilles

Ce week-end a été d'une grande activité dans le port de Poros. Coïncidant probablement avec les changement d'équipages des voiliers de location, il s'est vidé presque complètement vendredi soir, pour se remplir de nouveau presque complètement ce samedi soir, au crépuscule, le temps, pour les locataires, de venir des nombreuses marinas spécialisées de la région d'Athènes. Les nouveaux équipages se battent souvent comme des diables pour mouiller et démouiller correctement avec, une fois sur deux, des emmêlages de chaines et l'inquiétude de ceux qui, encore amarrés au ponton, espèrent que le voisin ne va pas relever leur ancre en arrivant ou en partant ! comme on est bien, au mouillage, à un jet de pierre de ces manoeuvres délicates. Mais tout se passe plutôt dans la bonne humeur, sans coup de gueule. Le temps un peu "musclé" de ces derniers jours aura eu raison aussi de quelques voiles, et nous avons vu arriver deux voiliers avec des morceaux de tissus en lambeaux flottant au vent et des équipages affairés à amener feu ces voiles coincées dans le grément. Pitié pour eux et touchons du bois !

Rentrant à bord samedi soir, de nuit, nous avons repéré que l'un de nos voisins de mouillage avait déroulé sont génois qui fasseillait dans les rafales. Comme il n'y avait aucun signe de vie à bord, Alain est allé voir avec l'annexe et a constaté que la bosse d'enroulage, probablement mal coincée, s'était libérée. Il y avait un risque que, dans une rafale, le bateau arrache son ancre et parte à la dérive sans personne à bord. Ce n'était pas compliqué de rembobiner le génois et d'assurer l'amarrage de la bosse pour que cela ne recommence pas. Une demie heure après, les propriétaires revenaient à bord et nous leur avons expliqué notre intervention. Et ce matin, surprise, le skipper, revenant d'avoir débarqué quelques équipiers qui reprenaient l'avion, nous a apporté des croissants, juste à temps pour notre petit déjeuner. Du coup nous avons papoté: c'est aussi leur première croisière en Grèce avec des impressions très agréables et tout à fait en phase avec les notres. Ils ont vécu trente ans à la Réunion et laisseront leur bateau, un Bavaria 44 acheté juste avant l'été à Port St Louis du Rhone, en hivernage à sec à Porto Kéli à l'entrée du golfe d'Argolicos. Une formule que nous étudierons peut-être dans les années à venir, tant cette croisière grecque nous donne envie d'y revenir.

Demain, enfin, il n'est pas impossible que le vent mollisse un peu et nous permette d'arriver à Egine (Nisos Aigina en grec). Mais ce n'est pas certain et de toute façon les navettes et ferries venant du Pirée sont les mêmes qui vont à Egine puis à Poros. Il se confirme donc que notre nouvel équipage, Béatrice et Julie attendues le 25 au matin, devra nous rejoindre, car nous ne pourrons pas être à Athènes pour les accueillir.