Le soleil revient par instant, mais nous restons assurés d'être rincés à l'eau douce après chaque sortie en mer. Avant de quitter Vonitsa, nous n'avons pas résisté au dernier gorgeon de café frappé dont nous sommes devenus de adeptes, presque des accros !

retour du beau temps



Notre retour à Prévéza a été l'occasion de ce que nous avons cru un instant être une régate intéressante. Une bonne brise contraire et quelques autres voiliers ayant apparemment la même destination que nous, pouvaient nous inciter à affuter nos écoutes et à bander nos muscles sur les winches. Hélas, nous n'avions pas affaire à des voileux motivés et, dès le premier virement de bord, nous avons compris que nous n'aurions pas d'opposition sérieuse.



Revenu au mouillage à Prévéza, le mercredi après-midi, nous pensions passer une nuit bien tranquille avant de reprendre la mer le lendemain. Zeus ne l'entendait pas de cette oreille, et il nous a envoyé au milieu de la nuit un orage d'une telle intensité que, cette fois, nous avons vraiment cru que le ciel nous tombait sur la tête. Le crépitement des gouttes sur le pont était si fort et si dense que nous avons cru à de la grêle, et les rafales de vent soudaines et très brèves nous faisaient prendre une bonne gite avant que le bateau ne s'aligne sur leur direction. Et il y avait aussi les éclairs et le tonnerre très proches. Heureusement que nous n'étions pas amarrés au quai, cela aurait été sûrement très inconfortable. Mais, au petit matin, le beau temps était revenu, et il n'y avait aucune mauvaise surprise. Le pont était lavé comme avec une Karcher.

Après quelques courses, nous avons décidé de sortir du golfe pour rejoindre Lefkas la plus proche des îles vers le sud. Une formalité de quelques milles avec une bonne brise d'ouest, mais il fallait essayer d'arriver à l'heure juste à l'entrée du canal qui traverse la lagune peu profonde, car le pont routier qui le barre est un un ouvrage flottant qui s'escamote toutes les heures pour le passage des voiliers et autres bateaux se rendant à Leucade la capitale de l'île. Pari réussi, en réduisant un peu la toile à la fin pour ralentir. Ce canal remonte au début du 20ème siècle, mais des ancêtres corinthien et romain avaient déjà existé dans l'antiquité. Il est bordé à son entrée nord par un fort construit vers 1300 par un certain Jean Orsini, et renforcé ensuite par les turcs puis les vénitiens. L'ancienne capitale de l'île était construite à l'intérieur de ce fort et on voit encore les ruines des habitations. Le seul édifice encore actif est une petite église byzantine blanche dans l'un des angle de la forteresse. Elle est entourée de figuiers et de fleurs sauvages et contient quelques objets d'orfèvrerie sacrée ainsi qu'un très beau pupitre (ou lutrin) décoré de marqueterie à base de métal, de pierres et probablement de nacre, qui fait plus penser à de l'art arabo musulman qu'à celui de Byzance. Mais il est vrai qu'il y a des influences réciproques entre ces cultures, si proches dans l'espace et le temps.

pupitre



La marina moderne de Leucade n'exerçant aucun attrait sur nous, nous sommes restés au mouillage devant le centre ville, avec six ou huit autres voiliers. Mais, les autorités portuaires ayant fait savoir que cette forme de "squat" n'était plus autorisée, nous avons occupé un emplacement libre sur un quai privé, sous condition de le libérer le lendemain matin, son charmant propriétaire anglais attendant une arrivée. Cela nous a permis de procéder à quelques repérages en ville et de prendre rendez-vous avec la laverie pour le lendemain, notre sac à linge sale ayant une grosse tendance à déborder grave !



Donc ce vendredi matin, après avoir déposé notre linge, nous avons visité Leucade, ville martyrisée en 1948 et 1953 par des tremblements de terre de forte intensité, et qui vit depuis sous cette menace avec de sérieuses alertes. Seuls quelques édifice bas et trapus, comme certaines petites églises byzantines avaient résisté, à l'exception des campaniles qui ont été reconstruits ensuite en poutrelles métalliques: plutôt original ! La plupart des bâtiments sont construits en matériaux légers avec des bardages en bois et des toits en tôle ondulée, qu'on trouve même sur les églises rescapées. Cela donne un cachet particulier aux petites rues dont les balcons se soutiennent d'un étage à l'autres avec des poutres en bois ou métalliques.

campanile



Cette ville est très touristique et la saison s'avançant à grand pas, l'activité est déjà importante. La plaisance est particulièrement soignée, avec de nombreux chantiers, shipchandlers, organismes de location de bateaux de toutes taille et société de service aux yachts. Mais il y a aussi de nombreuses possibilités de séjours résidentiels, culturels ou sportifs offerts à une clientèle très internationale. On y parle beaucoup anglais et le nombre de voilier arborant des pavillons des pays du nord, Hollandais, Danois, Norvégiens, Suédois et même Suisses ou Autrichiens, est beaucoup plus important qu'en méditerranée ouest. Les pavillons anglais, très nombreux comme partout, ne sont plus en majorité. Les maltais viennent en voisins, mais le pavillon grec est aussi très présent, avec une impressionnante flotte dédiée à la location, en plus des voiliers privés.



Nous envisageons de consacrer encore un peu de temps aux autres îles ioniennes notamment Céphalonie et Ithaque avant d'embouquer le golfe de Patras puis celui de Corinthe. Nous visons Athènes et les îles du golfe Saronique pour fin juillet début août.